Ordinaire
De nombreuses initiatives montrent que le développement durable est en marche. On peut toujours espérer qu'il aille plus vite, mais pourquoi ne pas commencer par reconnaître et appuyer ces innombrables petits progrès, portés spontanément par un grand nombre d'acteurs ?
Par où commencer ? Le développement durable conduit à des révisions profondes. En changeant d’approche, de cadre conceptuel pour examiner les affaires et chercher des réponses originales, il nous faut parfois réaliser des acrobaties mentales. Notre univers est marqué par ce que nous avons toujours connu, qui apparait ainsi comme le seul possible, alors qu’il y en a bien d’autres. Pour les retraites, l’hypothèse de référence est que c’est le Travail
qui paye les retraites : il n’y a pas d’issue sans changer ce postulat, retenu dans des circonstances historiques bien précises.
Nous avons déjà changé beaucoup du fait d’une certaine Illusion de l’Abondance. L’énergie et les transports pas Chers, voilà deux données qui ont progressivement transformé nos organisations sociales et nos modes de production. Le changement, parfois brutal, de ces Conditions, affecte grandement nos modes de vie et notre économie. Comment faire pour retrouver un équilibre Dynamique dans le nouveau contexte qui se dessine sous nos yeux, énergie rare et chère, lutte contre la misère et les inégalités croissantes, préservation de la biodiversité, brassages de populations et de Cultures, etc. Comment assurer une transition entre une forme d’évolution, une société toujours plus, et une autre, une société toujours mieux ?
Malgré la grande cacophonie et les récupérations parfois contre nature, le message du développement durable pénètre notre société. Une des voies, à côté des réformes profondes que les pouvoirs publics, nationaux et supra nationaux, pourraient promouvoir, est la Multiplication des Progrès ordinaires que l’on observe, et l’appui à leur apporter. L’actualité nous en dévoile chaque jour, et il en est surement beaucoup qui restent discrets, tout en étant efficaces. Donner Envie aux acteurs de la vie ordinaire d’entrer dans ces dynamiques de changements, modestes mais significatifs, telle est la piste que cette note propose d’illustrer de quelques exemples.
Les machines à Café. Point de regroupement dans les entreprises, les distributeurs produisent de grandes quantités de marc. A Chatillon (Hauts de Seine), le fournisseur de café récupère le marc et le transmet aux services des espaces verts de la ville qui l’utilisent comme engrais dans ses Jardins. Et les Sacs de jute qui servent à transporter les grains de café, compostables, sont aussi récupérés pour transporter des déchets verts. Quoi de plus simple, ce n’est pas compliqué, ça ne coûte pas cher, et ça fait du bien à tout le monde. Le réflexe de la boucle, de l’économie Circulaire, ce n’est pas la révolution, mais c’est un changement de Culture.
Besançon, à présent. Une ville aux nombreux espaces verts, notamment des collines s’égrenant au plus près du cœur urbain, et conjuguant de multiples atouts sur les plans paysager, géologique et écologique, patrimonial et touristique. Près de 25 Hectares de Surface pâturable. Une charte a été signée le 9 mai 2007 avec un éleveur de chèvres, M.MOUSTACHE qui emmène son troupeau de chèvres sur les terrains communaux identifiés, selon un cahier des charges précis. C’est le 18 avril que, en cette année 2010, les tondeuses à quatre pattes font leur entrée à Besançon, en grande pompe. Des tondeuses bio, autoportées, encore un progrès ordinaire, à engranger.
Le covoiturage n’arrête pas de monter en puissance. Les chiffres communiqués par un des principaux opérateurs Internet de covoiturage, Covoiturage.fr indiquent que sa fréquentation a été multipliée par 30 en deux ans. Sa collaboration avec des entreprises, de plus en plus nombreuses chaque année, parmi lesquelles Castorama, Orange, la RATP, l'Aéroport de Genève ou encore le PSG, permet de faire connaître le covoiturage à leurs personnel et à leurs Clients. Une Contagion salutaire, qui vient de franchir une nouvelle étape en prenant place parmi les applications disponibles sur iPhone et Androïd (Application " Comuto "). Sans parler des Avions cloués au sol et des grèves de trains, qui donnent au covoiturage un élan supplémentaire.
Depuis quelques années, une saine émulation semble se faire jour dans les compagnies de taxis pour l'utilisation de voitures électriques ou hybrides. Lancé en septembre 2007 par la société Verture, Un service Eco-Chic pour votre confort et tranquillité, le mouvement est vite repris par les taxis G7, puis par les taxis bleus. Les compagnies affichent des objectifs de forte réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Une tendance qui nous vient de Londres et de New-York.
On pourra toujours objecter que ces initiatives restent marginales, que le Temps presse, que la planète n’attendra pas. Sans doute, mais pourquoi ne pas observer les signes de plus en plus fréquents de changement d’attitude dans la société. Celle-ci semble en avance sur le monde politique, qui aurait plutôt tendance à freiner l’évolution, comme l’Assemblée Nationale qui vient, dans un amendement en commission, vider de sa substance un engagement du Grenelle sur l’étiquetage écologique des produits de grande consommation. La stratégie qui consiste à reprendre et à encourager les initiatives spontanées, à lancer des idées qui pénètrent aisément les esprits de nos concitoyens, est une bonne préparation aux changements. Ils seront probablement de plus en plus rapides, de plus en plus exigeants, mais il faut bien s’échauffer avant l’effort. Et y intégrer le maximum de monde.
Chronique publiée sur le Moniblog le 18 avril 2010, reprise le 20 avril sur ce site.
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