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Apprentissage

Collège



Pour la sortie en salle du film LOL, voici un détour par l’adolescence et son cadre de référence, le collège. Age délicat, sortie de l’enfance, charnière entre deux âges de la vie, où chacun tente de trouver sa voie à soi pour marcher vers son destin. L’humanité aussi est entre deux âges de son histoire. La croissance numérique est en passe de se terminer, ce sera fait d’ici moins qu’une moitié de vie humaine, d’ici une quarantaine d’années. Il était temps, car la planète peut nourrir beaucoup d’humains, mais pas s’ils adoptent tous le mode de vie occidental. La fin de la croissance démographique ne suffira pas à régler nos problèmes, il faut aussi changer de mode de vie, de paradigme comme disent les intellos. C’est la fin de l’adolescence de l’humanité, où l’on pouvait vivre sans souci du lendemain, il va falloir devenir adulte et adopter un développement qui conjugue envie de progrès, de découvertes, de dépassement, d’un côté, et respect des grands équilibres, maîtrise des flux de toutes natures engendrés par nos activités de l’autre.


Revenons à nos ados, dans leur collège. Il faut les préparer à un avenir formidable, qu’ils construiront eux-mêmes. Rien ne sert de leur faire la morale, il faut leur donner des repères, leur ôter la crainte d’un lendemain qui serait bien triste s’ils n’innovaient pas fortement. Demain sera mieux qu’aujourd’hui, mais il sera différent, il faut l’imaginer, et y aller sans état d’âme, mais pas sans quelques armes. Le collège est justement fait pour ça.

Une première étape a été de revoir les bâtiments. L’affaire des collèges Pailleron, construits en hâte, a marqué les esprits, en montrant ce qu’il ne fallait pas faire. A l’inverse, depuis quelques années, la haute qualité environnementale est arrivée, et de nombreux départements ont adopté cette démarche pour offrir aux élèves, à leurs professeurs et à tous les personnels un cadre de travail attractif. Cette volonté déteint sur les quartiers d’implantation de ces collèges, comme à Lille où le collège de Wasemmes, certifié HQE, contribue à redonner une dynamique à un quartier qui en avait bien besoin. Il faut aller au-delà du bâtiment. Bien sûr, ce n’est pas qu’une simple enveloppe, mais un lieu de vie porteur en soi de valeurs. Le collège de Wasemmes a permis de sauver un ancien hôtel, dégradé au cours des ans, de créer un jardin historique, tout autant que de faire des économies d’énergie et de bien gérer l’eau, de composter les déchets organiques. Les murs et la vie « entre les murs » vont de pair. Il y a quand même moyen de faire une introduction au développement durable dans un collège sans refaire les murs. Le Collège Carpeaux, de Valenciennes, a commencé il y a bientôt 15 ans. Aujourd’hui, il est le siège d’un agenda 21. Chaque niveau de classe prend notamment en charge une activité adaptée à l’âge des élèves, en une forme de parcours de la 6e à la 3e. Au menu des bilans carbone, la ville, l’eau et bien d’autres choses encore.

Un mouvement assez général s’est manifesté depuis quelques années, autour de l’idée d’agenda 21 d’établissement. Ce sont des programmes d’action pour impliquer les élèves et toute la « communauté pédagogique » dans une démarche de développement durable. Cela provoque une ouverture de l’école sur la ville et sa région. Les partenariats sont multiples, avec les parents, les collectivités, les associations, les entreprises. On s’intéresse aux déplacements des élèves pour se rendre au collège, en privilégiant la marche ou le vélo. La restauration scolaire est un grand classique du genre. La cuisine est en effet une porte d’entrée formidable pour approcher le développement durable. D’où viennent les aliments, où sont-ils transformés, comment ont-ils été cultivés, peut-on les faire venir des environs, autant de questions qui interpellent les élèves sur leur région. Ajoutons une éducation à l’alimentation, aux régimes, à l’équilibre. Voilà un autre beau sujet pour le développement durable, l’hygiène de vie et la santé. Tout ça est relayé par l’équipe pédagogique dans les cours traditionnels, resitués ainsi dans la vie réelle. Les exemples d’agenda 21 dans les collèges sont nombreux en France. Dès 2005, le Conseil général du Bas-Rhin a lancé une initiative dans 4 collèges (Marlenheim, Woerth, Strasbourg-Hautepierre et Villé), et celui du Haut-Rhin dans 2 autres (Fortschwhir et Ribeauvillé). L’expérience a permis d’établir 17 fiches thématiques pour consolider les méthodes et faire tâche d’huile.

Il est vrai que quand on peut agir de manière coordonnée à la fois sur les bâtiments et sur l’action quotidienne dans l’établissement, on met tous les atouts de son côté. C’est ce que met en place le Conseil général du Nord, qui mène de front ces deux volets, immobilier avec la HQE, et d’accompagnement d’agenda 21 dans les collèges. Une rencontre du hard et du soft, une recherche de cohérence entre les différents aspects de la vie scolaire, pour aider chacun, de l’élève au principal en passant par tous les enseignants et les personnels des collèges à mettre en pratique le développement durable.

Un bel accompagnement de cette transition dans la vie que représente l’adolescence. Espérons qu’il en résultera des belles retombées pour la transition de l’humanité, de sa période de croissance qui se termine, vers une époque de maturité et d’apaisement dans ses relations avec la planète.


Merci à la Principale du Collège Carpeaux de Valenciennes, Cécile Balboni, et à l’équipe du conseil général du Nord, José Cohen et Frédérique Sonnet, pour leurs précieuses informations.


Chronique publiée le 5 février 2009

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