Chemin
« On ne sait pas où on va, mais on y va ! ». Cette interpellation a eu son heure de gloire, en mai 1968 notamment. Une manière d’alerter une société qui s’emballe, qui tourne à plein régime sans savoir dans quelle direction elle va. Il n’y a plus de pilote dans l’avion. Elle manifeste un besoin de reprendre son destin en main.
Retournons la proposition, avec une autre approche, que beaucoup d’auteurs ont défendue et que l’on peut résumer d’une phrase : peu importe la destination, l’important c’est le voyage.
Le chemin, donc, plutôt que la destination. Un chemin qui permet des rencontres, des découvertes, qui offre des surprises et qui bouleverse souvent des idées reçues.
Le développement durable n’est pas une « destination ». Ce n’est pas un état stable, qui nous attend comme une terre promise. Personne ne peut le décrire, le montrer. Il change chaque jour et prend des formes diverses… N’écoutez pas ceux qui vous vendent le DD clé en main, ce sont des fous ou des escrocs.
Nous ne connaissons pas la destination, mais on doit y aller, se mettre en route vers le développement durable. La question est alors : quel est le chemin ? Comment se diriger ? Il existe sans doute une série de chemins possibles, qui conduisent à des développements durables différents, et c’est bien comme ça. Pourquoi faudrait-il qu’il n’y en ait qu’un seul ? La diversité nous offre des choix, et elle est gage de résilience.
Il est bien difficile de s’engager sans savoir précisément où on va, même si, comme le dit Henry Miller, « Notre destination n’est jamais un lieu, mais plutôt une nouvelle manière d’aborder les choses ». Nous avons besoin de nous rassurer pour accepter de quitter notre situation et nos lieux actuels, même si on sait que nous ne pourrons y rester. Comment faire, dans ces conditions pour ébranler la société sur le chemin du développement durable ?
Voilà quatre approches qui peuvent faciliter les choses.
Baliser le chemin. A défaut de savoir où on va, il faut donner des repères. Les dangers ou les impasses sont en partie connus. La fragilité de la biodiversité, la finitude de la planète et des ressources qu’elle nous procure, et une déclinaison plus fine de ces grands enjeux, thématique comme le réchauffement climatique, ou territorial, des grandes régions du monde au village. Ouvrir un chemin est plus facile avec des étoiles pour se repérer.
Rassurer face à l’inconnu. Proposer des points d’appui, des étapes où il sera possible de consolider les expériences acquises tout au long du chemin. Le patrimoine sous toutes ses formes, la culture et la richesse de la vie sociale, peuvent constituer des havres.
Donner envie d’y aller, promouvoir le goût de l’aventure, de la découverte. Nous sommes au début d’une ère d’exploration des futurs, et nous avons besoin de grands explorateurs, d’aventuriers, vedettes de la société de demain.
Donner à voir, pour stimuler l’imaginaire et pas pour enfermer la pensée. Donner des images du possible, sans pour autant enfermer le futur dans une vision figée. C’est au contraire la créativité qu’il faut provoquerr, pour offrir un panorama des avenirs possibles.
Et puis il y a ce qu’il ne faut jamais faire. Ne pas jouer sur la peur, qui provoque le repli sur soi, et paralyse les meilleures volontés. Eviter à tout prix un discours anxiogène, « on n’a pas le choix », la carte forcée, qui pousse à résister et à y aller à reculons, sans l’ouverture d’esprit qui serait si utile pour explorer les futurs possibles.
Préférer des grandes fresques, des grands récits qui font rêver, qui donnent envie d’aller explorer les futurs et les terres inconnues, comme l’Odyssée avait enchanté le monde en son temps.
Homère, pour donner l’envie du développement durable.
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