Pourquoi la voiture électrique est bonne pour le climat
Cédric Philibert
© Les petits matins 2024
Il n’est guère de « solution » avancée pour lutter contre le dérèglement climatique qui ne suscite de résistance. La voiture électrique en donne une bonne illustration, elle que le journal Charlie Hebdo qualifiait « d’arnaque ». C’est comme les énergies renouvelables, combattues par les conservateurs, l’extrême droite en tête suivie par les droites dites « de gouvernement », pour qui « c’était mieux avant », tandis que les écologistes, au lieu de les défendre, mettent en avant leurs défauts (nobody’s perfect) et ne les soutiennent qu’avec des réserves. Cédric Philibert a répondu aux critiques sur les énergies renouvelables dans son livre « Eoliennes, Pourquoi tant de haine (1) », il répond aujourd’hui à celles sur les voitures électriques, « prodige dont on rêve depuis si longtemps et qui est maintenant à portée de main ».
Les procès faits au voitures électriques sont multiformes, comme si le succès qu’elles connaissent était gênant. Car le phénomène est lancé, et semble irréversible. « Une voiture neuve sur 4 vendue en France en 2023 est munie d’une prise de courant ». Le basculement vers l’électrique prendra le temps du renouvellement du parc automobile, y compris les camions et les autobus, mais le bilan climatique l’impose. Même dans les conditions les plus défavorables, où l’électricité est encore fortement carbonée, en Chine ou en Pologne par exemple, l’émission de CO2 au kilomètre parcouru est plus faible avec une voiture électrique qu’avec une thermique. La raison est l’efficacité du moteur électrique, dont l’énergie est transmise aux roues à 90%, alors que le rendement des moteurs thermiques ne dépasse guère 40%. D’ailleurs, l’histoire de l’automobile nous rappelle qu’à l’origine il y a eu combat entre les deux types d’énergie, et que l’essence a gagné pour des raisons pratiques, batteries trop lourdes et autonomie limitée, auxquelles il faut ajouter un bon lobbying des pétroliers. Un lobbying toujours présent et qui sème encore aujourd’hui le doute sur l’intérêt de la voiture électrique, ainsi que sur les origines humaines du réchauffement climatique.
Il faut rappeler que le secteur des transports est de loin le plus gros émetteur de gaz à effet de serre. Une réponse serait de réduire le volume général des transports, de favoriser les modes doux, marche et vélo, de booster les transports en commun, et de mieux remplir les voitures, mais une telle transformation se heurte à de nombreux obstacles comme l’organisation du territoire qui ne peuvent pas être levés rapidement, alors que la lutte contre le réchauffement climatique ne peut attendre.
C’est le batterie Lithium-ion qui a marqué le début de la bascule vers l’électricité. Fruit de longues recherches, cette génération de batteries a transformé le paysage. Et depuis, les progrès se succèdent, tant sur leur puissance et l’autonomie qu’elles permettent que sur l’intégration de nouveaux composants. Vient alors la critique sur les mines à ouvrir pour extraire ces produits, et les conditions d’exploitation. Vous aurez la réponse, ainsi qu’à toutes les autres de droite comme de gauche, dans ce livre particulièrement bien documenté. Il y a encore bien des progrès à faire, mais la dynamique est là, aussi bien du côté des usages que des innovations qui se succèdent pour renforcer l’efficacité de la voiture électrique. Eclairages, également, sur l’ensemble des politiques de mobilité, toujours dans l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
1 - Publié aux Petits matins, 2023
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