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Naturel

Pourquoi voir, sentir, toucher les plantes nous fait du bien
Kathy Willis
Aux éditions du Seuil, 2024

Un livre scientifique. Un livre pour tous ceux qui s’intéressent à l’aménagement de nos villes, à la conception de nos logements et de nos lieux de travail. Un livre qui tente de faire le pont entre les plaisirs que nous ressentons en fréquentant la nature et les effets mesurés sur notre organisme. Pourquoi les patients d’un hôpital qui pouvaient voir des arbres par la fenêtre de leur chambre guérissent-ils plus vite que ceux qui en sont privés ? Les bienfaits de la nature sont-ils réels, ou simplement imaginés, type méthode Coué ?

« Je tenais à savoir ce qui se passe vraiment dans nos cerveaux, pour nos hormones et nos systèmes immunitaire, respiratoire et cardiovasculaire, quand nous sommes en interaction avec les plantes - et quels sont les sens stimulés pour amener ces réactions », nous précise Kathy Willis dans son introduction. Le savoir pour en tirer les enseignements nécessaires pour optimiser les bienfaits attendus pour notre santé physique et mentale, et pour « prescrire la nature ». L’ouvrage établit une sorte de panorama des travaux sur la question, décrit les nombreuses études expérimentales menées à cet effet et nous en donne les principales conclusions. La présentation des méthodes utilisées pour mettre en évidence les effets de la nature sur notre santé, en sollicitant nos sens et nos ressentis, est d’ailleurs un des intérêts du livre, tant il est difficile de distinguer ce qui relève de la culture et des modes de vie des réactions physiologiques. Outre les enquêtes sur le ressenti exprimé par des échantillons de personnes, ce sont des tests sur les facultés cognitives, ou des mesures de la tension, du rythme cardiaque, des analyses de la salive ou des électrodes posées sur le crâne qui vont permettre d’objectiver les observations.

Les conclusions sont claires, même si, pour certains points, des compléments sont nécessaires. Le contact avec la nature est réparateur de nos capacités, et les consolide. Il est « source de richesse ». « Utiliser la nature pour diminuer la douleur, pour restaurer et renforcer nos capacités en matière de santé, voilà qui, potentiellement, peut nous faire économiser des milliards sur les budgets mondiaux de la santé ». La simple vision de la nature permet déjà d’obtenir des résultats tangibles, de même que les odeurs et les sons, et une action combinée des 3 sens à la fois, odorat, ouïe et vue par ordre d’importance, permet de maximiser les bienfaits. L’immersion dans un milieu riche en biodiversité donne le maximum de résultats en agissant sur notre microbiote. L’ouvrage est riche en illustrations de ces observations, qui devraient orienter les travaux des aménageurs et des architectes. Les enfants sont particulièrement sensibles aux contacts avec le vivant ? Qu’on se le dise en construisant des crèches et des écoles !
Voici donc des indications très utiles pour aménager les villes et leurs « espaces verts », les logements et les lieux de travail, car même la nature en pots de fleurs ou en images à la maison offre aussi de nombreux avantages. L’observation de paysages naturels, par exemple, favorise le développement cognitif des enfants. « Aujourd'hui, il n'est plus temps de considérer la nature comme « quelque chose d'agréable à voir », tout en bas de la liste des priorités dans le développement des infrastructures urbaines. Nous devons considérer la nature comme essentielle, source de santé, de bien-être et d'autres nombreux avantages pour cette population qui va vivre, travailler, aller en classe dans ces nouveaux aménagements urbains ». Et ce n’est pas une prise de position personnelle, mais la conclusion de l’analyse de nombreux travaux scientifiques. Kathy Willis nous livre de mode d’emploi pour passer aux actes, pour « prescrire la nature ».

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