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Le grand sabotage climatique

Fabrice Nicolino
©Les liens qui libèrent 2023

Ça fait des années que nous savons. Les pionniers s’appellent Marsh, Osborn, Heim, des noms inconnus du grand public, qui nous ont alertés sur la santé de la planète dès le XIXe siècle. Le réchauffement climatique est connu et documenté depuis des années, mais sans effets sur les décisions publiques ni les comportements des grandes entreprises. Les leviers du sentiment climatosceptique ont bien fonctionné et prospèrent encore, y compris sous la forme de mythes comme la géo-ingénierie, l’intervention directe des humains sur les grands équilibres planétaires.

Fabrice Nicolino nous décrit à la fois les moteurs de cet aveuglement, et les stratégies des institutions et des puissants de ce monde pour cultiver le doute, leur meilleur allié pour que rien ne change. Il nous décrit sa perception des politiques climatiques, qu’il qualifie de simulacres. Et il se lance dans une analyse critique de tous les organismes, de leur action (ou inaction), de toutes les personnalités qui ont eu la charge de la lutte contre le dérèglement climatique. « C’est bien moi qui parle », précise-t-il, car le jugement est sévère. La plupart des responsables ont entretenu des relations étroites avec les groupes pétroliers, ils se seraient contentés d’occuper le terrain, avec le souci de ne jamais menacer les intérêts des multinationales. Aucune initiative ne trouve grâce à ses yeux, aucun organisme. Le GIEC aurait été pollué par la présence de représentants des Etats aux côtés des scientifiques, par exemple, alors que beaucoup pensent, au contraire que ce rapprochement des politiques et des scientifiques permet d’avancer. Toute tentative de mobiliser les milieux économiques en faveur du climat serait une manœuvre de diversion, le concept de développement est porteur de catastrophes écologiques, et l’ajout du mot « durable » n’est qu’une supercherie. Critique en règle du Programmes des nations unies pour l’environnement (PNUE), des « sommets de la Terre », et des COP, de l’UICN et du WWF, des accords de Paris (« une farce grandiose »), et puis, pourquoi s’arrêter là, des concepts d’empreinte écologique et de bilan carbone, de crédit carbone et de compensations, de transition écologique ou énergétique, et même d’économie circulaire et d’écoquartiers. Bref, tout est à refaire, et nous avons perdu un temps précieux à croire en des mythes. Bien sûr, tous les organismes ou dispositifs créés pour le climat ne sont pas parfaits, il s’en faut, mais leur condamnation semble sans appel. Il faut tout reprendre à zéro.

« Le dérèglement climatique est une révolution totale. Sortons ensemble des vieux schémas. Inventons ! » nous dit-il, ce dont il conclut que « la révolte ne peut être que totale » avant de lancer un appel aux jeunes.

La déception devant les résultats bien insuffisants peut s’entendre, mais il est permis de s’interroger sur l’attaque frontale et sans concessions de tout ce qui a été mis en place depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Cette condamnation radicale, qui confortera surement les convaincus, qui apportera aussi de l’eau au moulin des climatosceptiques, aura du mal à rallier de nouveaux adeptes de la cause du climat, ou à provoquer un changement d’orientation et de méthode dans la lutte contre l’effet de serre.

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