La nature sur les chemins de Saint Jacques

Georges Feterman
Chez « l’éditeur nature », Delachaux et Niestlé, 2023

C’est sur la voie Podiensis, du Puy en Velay au Pays basque que Georges Feterman nous conduit. Un cheminement où vous laisserez le chapelet que vous pourriez avoir emporté, au profit de jumelles, plus utiles que le chapelet pour observer les oiseaux. Vous traverserez une bonne partie de la France : « Aux volcans du Velay succèdent les gorges de l’Allier, puis les monts granitiques de la Margeride. On traverse ensuite l’immense steppe de l’Aubrac et la vallée du Lot, avant de nous plonger dans les causses du Quercy, la Lomagne puis l’Armagnac et le Béarn ». Exceptionnellement, vous laisserez de côté les merveilles architecturales qui abondent sur le chemin pour vous concentrer sur la nature, les sols, la végétation, la faune. Un lien, malgré tout, entre le bâti et la nature, les maisons et les murets qui bordent les chemins. Telle « église du XXIIe siècle raconte la géologie locale », telle ferme est une vitrine de la terre crue, tout comme les plages de sable de l’Allier le font « à leur façon la jeune histoire de la rivière ». La géologie est partout présente, avec en vedette la pouzzolane, les orgues de basalte et les falaises calcaires.

Le chemin est une leçon de choses d’une grande richesse. En l’honneur de la bête du Gévaudan, disparue il y a bien longtemps, commençons par les animaux. Les domestiques, comme les moutons et les vaches, notamment celles d’Aubrac, et bien d’autres sauvages : des oiseaux, des grands, comme les milans royaux et noirs, ou la buse variable, et des petits, innombrables, variétés d’hirondelles, bergeronnette grise ou jaune, rouge-queue noir et bruant jaune. La couleur est partout. Il y a les poissons, notamment le saumon qui remonte frayer dans les gorges de l’Allier, et des insectes qui se plaisent dans ces paysages contrastés et autour des rivières capricieuses que vous croiserez tout au long du parcours. Des paysages forgés par la géologie, avec des énormes pierres au milieu des prairies, des vallées et des falaises calcaires. Une leçon de botanique, aussi, avec une variété de fleurs comme la gentiane de l’Aubrac, et des spécialités renommées telles que les lentilles du Velay, l’ail, le chasselas de Moissac, les prunes, sans oublier les arbres somptueux, chênes et hêtres notamment.
Leçon de toponymie, enfin, marquée par la présence de ces arbres. Nombreux villages rappellent ainsi leur présence et leur fonction dans la vie locale. Bref, un livre qui joint l’utile, toutes ces leçons, à l’agréable, grâce notamment à de magnifiques photos. Un livre à lire avant de partir sur le chemin de Saint Jacques, et à relire au retour, comme l’auteur le conseille dans son introduction.