La meilleure vie
Coralie Garandeau
© Bayard Editions, 2024
C’est l’histoire d’un plongeon. Une histoire instructive, un plongeon dans le bénévolat. L’autrice est journaliste, et se trouve engagée dans l’aventure d’une association qui lutte contre la prolifération des déchets dans la mer, en marge du congrès du congrès mondial pour la nature, organisé par l’UICN, à Marseille en 2020. Un mois de bénévolat, et un portrait de l’association, de ses fondateurs et des bénévoles qui lui apportent leur concours.
Vous y découvrirez un aperçu de la vie de ces bénévoles, aux motivations multiples, de leurs états d’âme jusqu’aux difficultés du retour à la « vie civile », en passant par l’apport qu’ils en tirent sur leur vie personnelle et professionnelle. Vous assisterez à des journées de ramassage, avec des bénévoles de l’association et des volontaires recrutés à cette occasion. Vous verrez à l’œuvre les ramasseurs cueilleurs et les chasseurs trieurs, chacuns avec leur tâche, et l’équipe de sensibilisation qui les accompagne pour valoriser, non pas les déchets, mais l’action de ramassage.
L’essentiel est plutôt sur l’histoire et le fonctionnement de ce type d’ONG. Une initiative personnelle, au départ, de son président qui se lance dans l’aventure par conviction, avec enthousiasme mais sans expérience autre qu’un passage dans une mission d’une autre ONG, Sea Shepherd. C’est un apprentissage qui l’attend, avec son lot de désillusions (notamment une escroquerie) et de chance. L’association est une forme d’entreprise, avec sa gouvernance spécifique, sa stratégie, son bilan. Une première orientation, la collecte des déchets au large, a été ainsi abandonnée du fait d’un mauvais bilan consommation de carburant par tonnage de déchets récupérés. Il lui a été préféré la collecte sur les plages et le littoral.
L’activité de l’association doit lui permettre à la fois d’agir pour sa cause, lutte contre les déchets, mais aussi lui trouver sa main d’œuvre, des bénévoles, et de collecter de l’argent, des donateurs. Il faut pour cela du spectacle – par exemple un défilé de mode à base de déchets sur le navire amiral de l’association - pour s’assurer la visibilité, et un mode de management des bénévoles dont certains pourraient penser qu’ils « se croient en colo ». Le travail d’un bénévole reste un travail, avec ses exigences de ponctualité, d’organisation, d’esprit d’équipe.
La collecte des déchets sur les plages n’a pas pour but principal de réduire le volume de déchets, mais de sensibiliser le public. « L’action de terrain ne sert à rien sans plan de communication soigné ». Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. La collecte à elle seule serait dérisoire face à la quantité de déchets. C’est à la source qu’il faut intervenir, auprès des consommateurs et des entreprises créatrices d’emballages et autres matériaux, recyclables ou non. Les bénévoles « communicants » sont les bienvenus, car le succès dépend du rayonnement des actions concrètes qui donneront matière à communication.
Nous voyons le plus souvent les ONG à partir de leur activité, de l’extérieur. Voici un autre regard, de l’intérieur, un regard plein d’humanité.
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