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L’effondrement de la civilisation occidentale

 


Erik M. Conway et Naomi Oreskes
Les Liens qui libèrent, 2014

Un texte venu du futur, nous dit le sous-titre. Espérons que ce soit une erreur ! En tous cas, un livre qui donne à voir. Le changement climatique, malgré les sècheresses, les cyclones et les inondations, reste bien abstrait, et lointain.

 

Pour le rendre plus palpable, Erik M. Conway et Naomi Oreskes se posent comme des historiens des siècles futurs, qui tentent d’analyser ce qui s’est passé au 21e siècle. L’aveuglement et l’impuissance des élites face au phénomène du réchauffement climatique est d’autant plus frappant que l’analyse des causes et des effets probables étaient publics. C’est donc une rapide histoire du futur qui nous est racontée, comme des historiens ont pu décrire la chute de l’empire romain ou le déclin des Ottomans.
Beaucoup de raccourcis, bien sûr, mais aussi quelques approximations qui tiennent sans doute à la nationalité des auteurs, les concepts et les mots n’ayant pas tout à fait le même sens selon les pays. Cette remarque touche plus particulièrement deux aspects clés du livre, qui doivent être soulignés :
- Le débat scientifique qui distingue deux types d’erreurs : croire à ce qui n’existe pas, et ne pas croire à ce qui existe. La communauté scientifique semble craindre avant tout le premier, par peur peut-être du ridicule, alors qu’avec le changement climatique, on voit que le second risque peut s’avérer très grave. Le principe de précaution est une des manières de se sortir d’affaire, mais les auteurs semblent le juger insuffisant.
- Le rôle du marché et le néolibéralisme. La foi en la toute puissance du marché entraîne, selon ces historiens du futur, l’effondrement de la civilisation occidentale, et les conduit à situer l’avenir en Chine, où les régimes autoritaires ont trouvé les ressources pour mener à bien les transformations et autres transferts de population rendus nécessaires par le changement climatique. On peut déceler là une confusion entre « l’échec du marché » et « les limites du marché ».
Ces remarques n’empêchent pas ce petit livre, facile à lire, d’être sympa, comme le sont les livres qui racontent une histoire. C’est pour nous raconter une catastrophe, mais les auteurs affirment que leur livre est optimiste : l’humanité survit au cataclysme !
Il y a aussi des livres « optimistes », qui nous proposent un avenir ascétique, frugal, où chacun a la sagesse d’abandonner tous ses besoins. A quand un livre qui nous proposerait un futur jovial, gargantuesque et durable à la fois ?

 

 

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