L’eau entre réglementation et marché
Ouvrage collectif sous la direction de Max Falque
Editions Johanet, 2014
Voilà un bon panorama des défis économiques que connait un bien indispensable à la vie : l’eau. Mais la réflexion va bien au-delà de cet élément. Il concerne d’une manière plus générale ce que l’on appelle les biens communs. Tel est l’objet de cet ouvrage, dont l’essence est parfaitement résumée dans la préface de Pierre-Frédéric Ténière-Buchot. On y retrouvera de nombreux points déjà évoqués dans l’ouvrage d’Elinor Ostrom, sur la « Gouvernance des biens communs », et qui a déjà fait l’objet d’une note de lecture sur ce blog.
Une quinzaine d’experts, de différents pays, passent en revue les différentes manières de gérer ce bien commun, si fluide et si répandu, avec des approches économiques ou juridiques. On voit dès le premier chapitre le caractère général « biens communs » que la gestion de l’eau porte en soi. L’eau se révèle ainsi comme un « pilote » de la question. Il s’agit dans ce chapitre des permis négociables, permis d’émettre des pollutions, qui touchent un bassin versant dans son ensemble. Technique reprises par la suite pour les émissions de gaz à effet de serre, dans un contexte beaucoup plus compliqué du fait du nombre des acteurs, et de leurs différences de statut. La pratique observée de cette méthode, utilisée essentiellement aux Etats-Unis et en Australie, permet de tirer des conclusions pratiques, notamment sur le besoin de combiner approches économiques et réglementaires.
Je ne détaillerai pas dans cette note l’ensemble des propos des experts, sur le statut juridique de l’eau, son prix, les possibilités d’accès à la ressource et les conditions de mise en marché. Le panorama est riche, et il est illustré d’études de cas, en Australie, Californie, Italie et à New-York. Le cas de cette dernière ville est particulièrement instructif. Il est présenté comme « révolutionnaire » par l’expert qui le présente, Mark Pires. New-York « tente de se réinventer en tant que gestionnaire de bassin versant complet plutôt que de rester dans son rôle plus familier d’ingénieur d’infrastructures hydrauliques ».
Ajoutons une présentation des politiques menées à différentes échelles, et des instruments mis en œuvre, et vous aurez une idée de la richesse de cet ouvrage. Le développement durable a besoin d’instruments économiques innovants, et le domaine de l’eau est en première ligne. « L’eau a besoin d’innovation », affirme Martin Guespereau dans la postface. Certes, mais il n’y a pas que l’eau, et l’observation des initiatives que l’eau suscite sera utile dans de nombreux domaines, si l’on veut éviter la « tragédie des biens communs ».
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