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Jardiner sans se fatiguer

Ruth Stout
©Tana Editions, 2023



Ruth Stout nous propose une balade dans son jardin. 185 m², pour « nourrir 3 personnes pendant 7 mois, de nombreux invités ainsi que mon mari et moi le reste de l’année ». Un jardin fécond, dont elle parle avec passion et humour. Chemin faisant, elle raconte ses aventures, ses diverses tentatives de culture, avec des succès et des déboires. Nous apprenons ainsi l’art du mulch selon Ruth Stout, née en 1884 née dans le Kansas, grande apôtre de cette technique particulièrement adaptée aux paresseux, auxquels elle s’adresse. Qu’est-ce que le mulch ? Juste une épaisseur de foin étalé sur la terre. 20 cm au minimum. « Ma méthode consiste donc, dit-elle, garder toute l’année un mulch épais de matière organique, quelle qu’elle soit, se décomposant sur le sol de mon jardin potager et mon parterre de fleurs. Lorsqu’il est bien décomposé et qu’il a bien enrichi le sol, j’ajoute une nouvelle couche ».


Une méthode que Ruth Stout a popularisé aux Etats-Unis dans les années 1950/60, mais que l’expérience a permis d’émerger ici et là, notamment en France avec l’auteur du livre « Le jardinier paresseux », l’alsacien Didier Helmstetter (aux éditions Tana), qui introduit l’ouvrage dans sa traduction française. « Ruth nous montre à quel point parfois, dans les remises en cause d’un système établi, nous manquons de radicalité. Nous jouons petit. Nous restons intimidés comme des enfants sages. (…) Nous nous interdisons des possibles, par simple conformisme. Et cette leçon dépasse de loin la production de quelques légumes ».
Autodidacte, Ruth Stout est une femme libre, pragmatique, dégagée de toute influence, celles des « experts » et des différentes écoles d’agriculture biologique, dont elle ne s’interdit pas d’ailleurs de s’inspirer à l’occasion. Elle a commencé son jardin avec des méthodes classiques, avant de se lancer dans des techniques originales qu’elle a imaginées avec un objectif : ne pas se fatiguer. Une sorte d’éloge de la paresse. « Je cultive depuis longtemps avec succès des légumes et des fleurs sans aucun travail, si ce n’est la plantation et la cueillette ». Ni labour, ni labeur, pourrait-on dire. Sa méthode permet d’éliminer des tâches fatigantes et chronophages, aussi bien que les « poisons » qui font plus de mal que de bien. Et des récoltes abondantes. Mais attention : faire le minimum ne veut pas dire ne rien faire. « Ne rien faire est insuffisant ».
L’ouvrage passe en revue, à travers ses expériences vécues et les pratiques qu’elle a adoptées, le choix des végétaux, les « bestioles indésirables », les adventices, les rotations (dans certains cas inutiles grâce au mulch) et les associations de cultures, le plan du potager, les semis, les distances à respecter entre les plants, la sensibilisation des enfants au jardinage, les fleurs, les composts et le fumier, et bien d’autres choses encore, comme la manière de cuisiner votre récolte et le bonheur de la voir pousser.
Ajoutons que le jardin de Ruth Stout est situé dans le Connecticut, en Amérique du Nord, avec son climat qui n’est pas celui de la France hexagonale, et qu’il a déjà une soixantaine d’années. Nous en retiendrons les grandes lignes, et surtout l’esprit, de « jardinier libre ». Il n’est pas obligé de se faire suer pour être écologiste.
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