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Il faut sauver nos campagnes

Elisabeth Trotignon
© Delachaux et Niestlé, 2021



La revitalisation de la campagne est un enjeu majeur d’aménagement du territoire, mais aussi de lutte pour la biodiversité et contre le réchauffement climatique. Elle répond aussi à un besoin pour ses habitants traditionnels et pour les nouveaux arrivants. Contrairement aux idées reçues, la population rurale augment globalement en France depuis une trentaine d’années. Le bonheur est dans le pré !


Ce sont de nouveaux modes de vie qui émergent, et d’où pourrait prendre forme une identité rurale renouvelée, avec de la fierté et une force économique adaptée aux exigences du monde de demain. « Longtemps paysanne, puis agricole, la campagne est devenue patrimoine, et chacun s’en réclame ». Mais attention à ne pas tomber dans les pièges traditionnels d’une nature idéalisée, « une campagne propre et soignée ». Elisabeth Trotignon, fille d’agriculteurs devenue professionnelle de l’aménagement et de l’environnement, nous « relate les formidables mutations que la compagne a subies depuis le milieu du XIXe siècle » et nous présente quelques évolutions récentes susceptibles de « sauver nos campagnes ». Loin des approches universitaires, elle se concentre « sur les aspects sensibles du sujet », en témoignant de ce qu’elle a « senti, vu et entendu ».
Quelques chiffres, malgré tout, pour donner une idée de la mutation des campagnes : En 1955, 2,3 millions d’exploitations, un tiers de la population active, contre 2% aujourd’hui. Un tiers des communes raccordées au réseau d’eau potable, 600 000 débits de boissons pour animer les campagnes, etc. Une phrase pour résumer la transformation : « on ne jardine plus son lopin de terre, on nourrit la France ». Résultat : des rivières recalibrées, la spécialisation, la grande culture sur de grandes surfaces, l’arrivée du maïs hybride avec le plan Marshall, l’abandon des terres médiocres, déprise agricole… Des maisons délaissées s’effondrent, des villages entiers disparaissent, les services publics s’étiolent. Un tableau bien connu, qu’il faut compléter par le phénomène du tourisme et de la protection du patrimoine. Ce sont les « plus beaux villages de France », bien léchés. La « nature est perçue comme un support rêvé pour le loisir et la détente ».
Comment, dans ces conditions redonner vie et force aux campagnes ? Le moment est venu d’imaginer d’autres futurs pour ces communes rurales, au-delà d’une façade convenue et des illusions de retour à la terre. Le dernier chapitre de l’ouvrage esquisse ce renouveau, à partir d’une agriculture revenue à ses valeurs traditionnelles tout en bénéficiant du progrès qu’offre l’informatique et les drones par exemple. Le renouveau de la population agricole est fort et le sera ces prochaines années pour cause de pyramide des âges, et 32% des nouveaux arrivants viennent d’autres secteurs que de l’agriculture. « Selon eux, la terre ne s’exploite pas, elle se valorise ». Nouvelles pratiques, nouvelles productions, incorporant de nouvelles exigences, des consommateurs, de la planète (réchauffement climatique, régime des eaux, paysage, biodiversité, respect des sols, souveraineté alimentaire, etc.).
Un livre attachant, illustré de nombreuses photos à vous faire rêver, et d’encadrés sur les questions telles que la méthanisation, les aires protégées et le tourisme, la faune campagnarde, etc. De nombreuses citations, aussi, parmi lesquelles je vous livre, en conclusion, celle d’Edgard Pisani : « Le respect de l’environnement, sa restauration, est l’une des conditions de la vitalité rurale. Il ne peut se limiter à la définition et à la protection de parcs naturels et de conservatoires, car toutes ces activités, l’agricole en particulier, doivent être respectueuses de l’environnement ».
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