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Construire une démarche TEPOS & Réparer et construire la ville

Construire une démarche TEPOS, un livre de Sophie Mousseau chez Territorial éditions
&
Réparer et construire la ville, de Nicolas Binet et Gwenaëlle D’Aboville aux éditions du Moniteur

Deux ouvrages sur la manière de concevoir et d’aménager les territoires aujourd’hui. Le contexte a profondément changé depuis les grandes lois sur l’urbanisme, et les chantiers engagés en urgence pour résorber les crises du logement des années 1950/60. Le confinement provoqué par la crise sanitaire a mis en évidence des questions restées sans réponse. « Le logement et le témoin privilégié des crises de notre temps, économiques, sociales, climatiques, environnementales ou encore sanitaires » nous dit François Leclercq dans la préface de « Réparer et construire la ville ». La manière de construire le logement, mais aussi la ville et l’ensemble des territoires sont à revoir.
L’acronyme TEPOS a pour point de départ l’énergie. Reprise à l’échelle d’un territoire, l’expression bâtiment à énergie positive, BEPOS devient Territoire à énergie positive, TEPOS. Sophie Mousseau, en présentant la démarche, ses objectifs et la manière de faire, nous montre surtout son caractère mobilisateur pour un territoire, bien au-delà de la seule question de l’énergie. Celle-ci est bien sûr abordée, selon le schéma classique, sobriété, efficacité et renouvelables, mais il apparait bien vite qu’elle peut jouer un rôle moteur pour dynamiser les énergies locales. Les premières initiatives de ce type ont été prises en Autriche, dans la région de Güssing, en perte de vitesse, et à la recherche d’un levier pour remonter la pente. C’était dans les années 1990. En France, c’est en Bretagne centrale, le Mené, qu’une démarche semblable est lancée, vers 1995. « L’exemple de Güssing conforte les élus dans leur volonté d’un développement territorial par et pour ses habitants, sur la base de la valorisation des ressources locales ». Une initiative qui a fait des petits, sous diverses formes comme les « centrales villageoises », et reprise en 2010 en un réseau animé par le CLER, réseau pour la transition énergétique. L’énergie et la volonté de mettre en valeur les ressources locales comme moteurs d’un renouveau économique et social. Trois niveaux de lecture, donc. Technique tout d’abord, autour de l’énergie, en consommer moins et la produire sur place au maximum ; développement local ensuite, « l’humain au cœur de la démarche » ; et dans le prolongement, « inventer des nouvelles façons de vivre en consommant moins mais mieux ». L’ouvrage développe ensuite les méthodes - pas de modèle unique – et les défis à relever, les clés du succès et les liens entre tous les formules administratives ou associatives de développement local. Un mode de développement né en secteur rural en difficulté, mais extensible aux milieux urbains ou péri-urbains en bonne santé économique. Une centaine de TEPOS aujourd’hui en France, mais un objectif de 1000 TEPOS en 2050.

C’est à partir du logement que les auteurs de « Réparer et construire la ville », dans le cadre des travaux du Club Ville Aménagement, engagent leur réflexion. Il s’agit de « repenser l’élaboration de la ville et la production de ses logements », pour répondre à une demande fortement marquée par le ralentissement démographique. Le dépérissement des centres urbains en est une manifestation, de même que le besoin de retrouver le sol naturel. Première réflexion, donc, sur la demande sociale, quelle société pour les urbains d’aujourd’hui ? C’est le fond de décor où s’inscrivent ensuite des préoccupations plus opérationnelles, réanimer les cœurs de ville, réparer la modernité, et se risquer à construire. Le respect du « déjà là » est au cœur de la démarche. La ville de demain est construite à 90%, il faut s’adosser sur ce qui pré-existe, tout en répondant à des impératifs nouveaux, tant écologiques et climatiques que sociétaux. L’expérience des membres du Club Ville aménagement est mise à contribution, et chaque thème est traité à partir d’exemples concrets. Marseille et ses effondrements d’immeubles, Toulon qui trouve un nouveau souffle à partir d’équipements culturels, Clichy-sous-Bois, qui rompt avec le cycle infernal de la paupérisation, ou Saint-Denis, où s’affrontent deux approches, « d'une part les tenants d’un urbanisme municipal progressiste reprenant les idées du mouvement moderne, et d'autre part, les défenseurs du patrimoine plaidant pour un urbanisme évocateur des morphologies anciennes ». Des reportages photographiques illustrent le texte.

Deux regards différents, deux ouvrages qui passionneront tous ceux qui s’intéressent à l’avenir de nos villes et de nos territoires, à leur aménagement dans le monde nouveau qu’il nous faut construire.

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