
Aménager les territoires du bien-être
Jean-Pierre Thibault
©Editions du Moniteur
Un livre sur le paysage. Le paysage comme instrument privilégié sur la voie du développement durable. Fruit d’un travail du collectif « Paysage après pétrole », dont la présidente, Odile Marcel, affirme l’ambition dans l’avant-propos : « Le paysage peut devenir une voie d’accès à un modèle de société à construire, où l’économique, le social et l’environnemental seront pensés dans leurs interrelations nécessaires. Puisse cet ouvrage inspirer largement le monde qui s’annonce ».
C’est une approche dynamique qui nous est proposée, le paysage pour fédérer, faciliter et faire participer le plus grand nombre aux grandes transformations que le monde et nos territoires plus précisément devront entreprendre pour relever les défis du XXIe siècle, climatique et sanitaire notamment. Face aux multiples décisions prises « en silo » et sans cohérence, le paysage offre une approche globale, compréhensible par tous. Le paysage mobilise les 5 sens, bien au-delà de la seule approche esthétique, c’est une voie d’accès au sentiment de bien-être auquel chaque citoyen aspire. Comme pour le développement durable, un volet spécifique « paysage » ajouté à un projet n’a guère de sens, c’est tout le projet qui doit pensé comme un paysage. Le paysage n’est plus une contrainte à respecter, il doit participer à l’essence même du projet. Il n’est plus question de réduire les impacts, perçus systématiquement comme négatifs, mais de recomposer un paysage assumant la présence d’éléments nouveaux, comme les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques.
Pour y parvenir, il faut considérer le paysage comme une clé de compréhension d’un territoire. Sa situation et sa dynamique, les moteurs de sa transformation spontanée, qu’il faudra infléchir. Jean-Pierre Thibault identifie trois grands défis que l’approche par le paysage peut aider à relever : le changement climatique, la transition vers l’agroécologie, les villes et leurs lisières. Pour chacun d’entre eux, il analyse la manière dont le paysage est impliqué et peut contribuer à trouver les pistes à suivre pour trouver des réponses adaptées, comprises et acceptées de tous. Le propos s’appuie sur de nombreux exemples, sur des témoignages et une abondante documentation.
Loin de l’approche dynamique et fédératrice, le paysage souffre d’être souvent perçue comme « une discipline sectorielle, à laquelle a été réservée une fonction essentiellement décorative ». Une sorte de péché originel qui enferme le paysage dans un rôle de second rang, de « cerise sur le gâteau », au lieu de le laisser prendre une place structurante dans l’élaboration des projets d’aménagement. Une vision répandue, notamment auprès des aménageurs, professionnels ou élus, et du grand public, une vision restrictive dont il importe de se défaire. Une préoccupation que l’auteur nous fait partager, dans la dernière partie de son ouvrage, avec des observations sur les pratiques de ces différents acteurs et la manière de les mobiliser. Toutes les vertus du paysage resteront lettre morte sans leur adhésion à cette approche offensive, qui doit se substituer à une approche passive et par suite conservatrice, dans le sens frileux du terme, du paysage.
Un ouvrage de référence pour tous les amoureux du paysage, et pour tous ceux qui croient en la vitalité des territoires.
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