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A l’écoute du vivant

Marc Namblard
©Bayard, 2023

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Un hommage à la nature. Nous la contemplons le plus souvent avec les yeux, parfois avec le nez, les papilles gustatives ou encore le contact direct de notre corps avec le sol. Ici, c’est la nature perçue par nos oreilles. C’est un audio-naturaliste qui nous parle de son expérience, de ses surprises, de son amour de la nature. Une approche originale, qui nous ouvre un immense espace de découverte, tant les sons de la nature sont divers. Ils ont d’ailleurs existé depuis l’origine de la planète, avant l’émergence du vivant, avec les éruptions des volcans, le ressac de la mer et le grondement du tonnerre. Le bruit de la glace est particulièrement étrange, et vous aurez le privilège de l’écouter grâce à un relais par QR code. Une petite quarantaine d’enregistrements accompagnent le livre, tous plus étonnants les uns que les autres. Une illustration sonore très convaincante.


La richesse des sons du vivant se décline selon les sources, à commencer par les animaux. Bruit de leurs déplacements, tout d’abord. « L’ours et la fourmi font du bruit en marchant ». Ensuite, celui qu’ils émettent pour communiquer avec leurs congénères ou d’autres espèces. La gamme est impressionnante. Tout est bon pour produire des signaux, lancer des messages, alerter ou tout simplement dire que l’on est là. Un orchestre symphonique aux mille instruments : Certains chantent ou crient, d’autres stridulent en frottant deux parties de leur corps, d’autres bourdonnent, d’autres encore utilisent des cavités pour se gonfler ou se dégonfler à l’envi. Beaucoup rivalisent d’astuce pour amplifier leur chant. Il y a aussi les percussions. « L’éléphant fait du tam-tam sur le sol avec ses pattes, mais nous ne percevons pas sa musique car elle est trop grave pour nos oreilles ». Nous entendons bien, en revanche, les percussions du pic vert. Parmi tous les animaux, les oiseaux occupent une place à part. Ils jouent sur tous les paramètres, fréquence, rythme, intensité, etc. Leurs messages sont parfois très denses : « ce que notre oreille perçoit comme une note peut en réalité être un arpège (une série de notes allant du grave à l’aigu ou de l’aigu au grave) beaucoup trop rapide pour que nous puissions vraiment l’entendre ». Ils peuvent émettre deux sons en même temps. Ils ont des talents d’imitation, et exploitent habilement ce qu’ils ont entendu : « ils créent leurs propres chants en combinant des bribes de mélodies de manière méthodique et personnelle ».
Il n’y a pas que les animaux. Il y a les éléments, déjà mentionnés ci-dessus, avec les rivières et le vent dans les branches des arbres. Il y a aussi les végétaux, qui émettent des sons par eux-mêmes. « Les plantes émettent des sons lorsqu’elles poussent, des cliquetis très aigus, ultrasonores, que nous ne pouvons entendre qu’avec des appareils adaptés ». Elles reconnaissent aussi les sons émis autour d’elles, et adaptent leur comportement en conséquence, par exemple en libérant une toxine pour éloigner les indésirables. Les sons participent à leur vie sociale : « Nous savons déjà qu’elles peuvent échanger des informations importantes par des gaz et des flux électriques mais il est possible qu’elles communiquent aussi par des sons que nous n’entendons probablement pas ».
Les bruits de la nature ont inspiré bien des musiciens, de JS Bach « particulièrement sensible à la musique de l’eau » à Olivier Messiaen « fasciné par les oiseaux », en passant par Schumann, Mahler, Debussy ou Stravinsky, et ce n’est pas par hasard. L’écoute du vivant offre un spectacle permanent, toujours renouvelé, dont chacun peut bénéficier, malgré les bruits parasites qui le troublent souvent. Marc Namblard nous donne des clés pour mieux en profiter, juste avec nos oreilles, « une des plus belles inventions pour capter les ondes sonores, les interpréter et parfois s’en délecter ».

 

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