Miracle : Energie infinie en vue !
Miracle ! l'énergie infinie et non polluante est en vue. La fusion nucléaire va nous sauver. Bientôt, le réchauffement climatique ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Tout pourra reprendre comme avant, la parenthèse se refermera. Nous avons eu chaud, sans faire de mauvais jeux de mots.
J'ai senti un grand soulagement de la part de nombreux commentateurs à l'annonce de la récente « percée scientifique » sur la fusion nucléaire, fruit des travaux d’un laboratoire californien. Je ne ressens pas le même enthousiasme pour les progrès considérables, continus et rapidement utilisables, en matière d'énergie renouvelables. Bien sûr, il reste des obstacles à franchir pour en bénéficier pleinement, mais bien moins que dans le cas de la fusion nucléaire, qui reste un pari technologique. Aujourd’hui, les renouvelables sont devenus compétitives par rapport aux énergies concurrentes, les progrès tant en performances qu’en coût, sont rapides et ne décélèrent pas. Elles sont devenues majoritaires dans le monde, en termes de création de nouvelles capacités de production d’électricité.
Tuyaux d’orgue et no-man lands
Tuyaux d’orgue, silo, couloir, autant d’expressions à succès, un succès que nous préfèrerions modeste. Il s’agit en effet de décrire la manière dont de nombreuses décisions, politiques ou projets sont menés. La vie est complexe, avec ses multiples facettes, et les actions humaines sont souvent réductrices. Au lieu de conserver une approche globale, qui synthétise les enjeux, le contexte, les envies et les objectifs, chaque affaire est découpée en de nombreux secteurs, chacun avec leur spécialiste. Dès l’université, nous nous habituons à approfondir un sujet, et progressivement à l’isoler des autres. Sans doute est-ce parce qu’il est plus facile de noter sur une matière que sur un ensemble composite. Les approches verticales peuvent passionner les initiés, mais elles échappent vite aux profanes, même quand ils doivent prendre des décisions.
Des formules choc, pour empêcher de penser
Il y a des formules qui sonnent bien, qui semblent faire appel au bon sens, mais qui, au fond, empêchent de penser. De fausses évidences, qui sont assénées pour clore un débat, et de ce fait bloque toute possibilité d’échanges sereins et constructifs. « Travailler plus pour gagner plus » en est un bel exemple. Une formule forte, qui fait mouche, et qui suggère que le seul but du travail est de consommer plus. Comme éloge du travail, il y a mieux. Le travail remplit bien d’autres fonctions. Sa rémunération en est une parmi d’autres, importante, certes, mais les autres le sont tout autant, comme l’utilité de ce que travail produit, le service qu’il rend à la société. Une autre formule aurait englobé toutes ses dimensions, « travailler mieux pour vivre mieux ».