Finances solidaires : Un oxymore ?
A la question: quel est le rôle de l'entreprise ? la foule répond d'une seule voix: gagner de l'argent !
Ce gag ne m'a jamais trahi dans tous les exposés présentés aux étudiants.
Que l'entreprise satisfasse des besoins, besoins de ses clients, de ses fournisseurs, de ses collaborateurs,… est totalement occulté. Et pourtant nous sommes des consommateurs, des salariés, des utilisateurs des produits ou services générés par les entreprises.
La réponse est d'autant plus fautive que beaucoup d'argent se "gagne" sans entreprise, sans entrepreneur, par simple manipulation électronique, anonyme, automatique à la nano seconde, …
L'argent est devenu une finalité autonome, et non plus le moyen qu'il devrait être.
"manger pour vivre, non pas vivre pour manger" disait Socrate (repris par Molière).
Il est important de ne pas limiter l'entreprise à une seule source de profits financiers, mais de la considérer comme la communauté humaine qu'elle est, tendue vers un projet. Un chef d'entreprise, un entrepreneur, ne peut se limiter au seul enrichissement de ses actionnaires.
Les lecteurs de cet admirable blog ont tous un peu d'argent placé quelque part. Savent-ils à quoi il est utilisé ?
Leur banquier leur a-t-il parlé d'autre chose que du taux d'intérêt ?
système financier déconnecté des préoccupations de la majorité d'entre nous
Il y a moyen de faire autrement que d'asservir l'homme aux lois du marché, il n'y a pas d'autres moyens que de faire autrement écrit Jacques Baratier, fondateur de Agrisud.
Les finances solidaires répondent bien à la demande d'un humaniste ouvert.
La démarche est de
-placer l'homme au centre de la relation financière.
-gérer la rencontre entre un épargnant qui souhaite rentabiliser ses économies et un entrepreneur créateur de richesses.
La relation doit être humaine, personnelle, et surtout égalitaire. Chacun présente son projet à l'autre, chacun respecte l'autre. Chacun est obligé de comprendre la demande et les contraintes de l'autre. La relation personnelle s'établit d'elle même sur la durée.
Les finances solidaires sont exorbitantes de la finance traditionnelle par le fait même qu'elles placent l'homme au centre de la relation et non le profit seul et immédiat.
Même dans la situation la plus courante d'un investisseur entrant au capital d'une société les intérêts des deux parties dérivent vite. L'investisseur a tout intérêt à ce que l'entrepreneur fasse le meilleur usage de son argent et peux l'assister efficacement. Pourtant, dans une optique de maximisation de son épargne, il a aussi intérêt à sortir le plus rapidement possible avec un profit maximal. Alors que l'entrepreneur a besoin de conserver son capital le plus longtemps possible et de le rémunérer le moins.
Les années passées ont largement démontré les limites de la maximalisation à outrance des profits.
Pourtant la tentation est permanente
Saurons-nous faire converger les intérêts particuliers vers l'intérêt général ?
Opterons-nous pour un partage des richesses par l'économie plus équitable et surtout plus efficace pour le développement sur le long terme ?
Oserons-nous privilégier absolument la relation humaine, la relation avec mon voisin, ma voisine ?
Accepterons-nous d'être des collaborateurs agissant et non pas seulement des clients indifférents ?
Le plaisir de placer son épargne peut-il être de lui donner un sens humain ?
Notre argent devient ainsi un outil pour le développement humain.
Jean-Marie Garcin, membre de oikocredit IFO
Pour en savoir plus
FINANSOL le label des finances solidaires
ALTERNATIVES ECONOMIQUES édite tous les ans un numero spécial: "les placements solidaires"
Jacques BARATIER: l'entreprise contre la pauvreté Editions Autrement 150 pages, 15 €uros
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