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Haro sur la dépense publique ?

La France étant championne de la dépense publique, celle-ci se trouve au cœur des débats sur le budget de l'état. Il faut réduire les dépenses qui alimentent la dette de la France. Gardons comme objectif la réduction de cette dette qui trouve son origine dans les chocs pétroliers les années 70. Depuis, aucun budget en France n'a été à l'équilibre, et le déficit de nos finances n'a fait que s'aggraver.

Derrière le discours de réduction de la dépense publique se cache une hypothèse non débattue, une conviction pour certains, que les dépenses publiques sont moins efficaces que le marché. Si la réduction de cette dépense entraînait une hausse des dépenses des particuliers, ce ne serait pas un bon calcul. L'exemple de la santé illustre cet aspect des choses. Un système essentiellement libéral comme aux États-Unis d'Amérique coûte deux fois plus cher par habitant que les systèmes européens, largement mutualisés. Évidemment les cotisations à la sécurité sociale alourdissent les dépenses publiques mais le citoyen est gagnant. Mieux vaut payer un peu plus d'impôts ou de cotisation que de payer plus cher un service donné acheté sur le marché.

La question clé n’est pas le montant de la dépense publique mais sa performance en termes de services rendus à la population. Le raisonnement suivi pour la santé ne donne pas les mêmes résultats pour tous les secteurs. On peut parler d'éducation, de mobilité, le logement, et de nombreux services publics, l'observation des faits conduit à des orientations différentes. Dans la pratique il y a souvent un mix entre dépenses publiques et les dépenses privées, c'est souvent une question de curseur pour distinguer ce qui est plus efficace dans le secteur public de ce qui est préférable dans le cadre d'un marché. Un curseur qui peut en plus bouger dans le temps, du fait d’innovations ou d’évolution de la demande.

Le débat sur les dépenses publiques, présenté essentiellement sous l'angle du montant global, est mal posé. Mieux vaut financer un déficit de transport public, par exemple, que d'être obligé de s'acheter une voiture supplémentaire pour un ménage, et de passer des heures dans les embouteillages. Par ailleurs la dépense publique peut-être un investissement qui permet à la fois de générer dans l'avenir plus de recettes et de réduire certaines dépenses publiques. Améliorer la qualité des repas servis dans les cantines scolaires peut contribuer à diffuser une meilleure hygiène alimentaire et par suite réduire les dépenses de santé. L’obésité coûte plus de 10 milliards d’euros chaque année, idem pour le diabète.

La question de l'efficacité de la dépense publique se juge dans la durée. Prenons l'exemple de la sécurité, un thème à la mode. Sans doute vaut-il mieux consacrer plus d'argent public aux tribunaux et au modalités d'exécution des peines de manière réduire les récidives, plutôt que ne lâcher dans la nature des délinquants que les années de prison n’ont pas fait évoluer, et qui y reviendront. La qualité du séjour en prison peut se révéler une bonne affaire pour les finances publiques.

Dans le même ordre d’idées, le passage du moins disant au mieux disant peut entraîner des dépenses supplémentaires. Les « cost killer » vont pousser à des économies qui peuvent se révéler couteuses. Par souci d’économies, un lycée, par exemple, sera implanté en périphérie, là où le foncier est moins cher. Mauvais calcul si les déplacements supplémentaires ainsi provoqués, cumulés année après année, coutent plus cher que la différence du prix du foncier. La qualité du bâti ne doit pas non plus être sacrifiée sur l’autel des économies. « Bon marché coute cher » dit la sagesse populaire. Un bâtiment de bureau, de santé, ou d’enseignement ne coute presque rien à côté du service espéré de son usage. La qualité des ambiances offertes aux usagers, qu’ils y travaillent ou qu’ils en soient les « consommateurs », influence fortement la productivité des personnels, réduit les durées de séjour dans les hôpitaux et la fréquence des redoublements. Les bénéfices à attendre d’un effort sur la qualité sont bien supérieurs à son coût, et s’étalent dans la durée.

Comment réduire la dépense publique n’est pas la bonne question. Celle-ci serait plutôt comment la rendre plus performante, ce qui conduirait de fait à la réduire pour longtemps. Nous payons aujourd’hui le prix de dépenses d’hier mal gérées, voire d’économies mal placées. N’alourdissons pas la dette de nos enfants !

Édito du 9 octobre 2024

Sur le même sujet, vous pourrez aussi vous reporter à l'édito du du 27 mars 2024 ça coute cher d'être pauvre

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Commentaires

0
Poss yves
2 mois ya
Bravo pour ce propos.
Le Parlement, où le gouvernement saur ont-ils le lire?
Amitiés
Yves
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