ça de fait déjà
Malgré tous les obstacles, l’écologie est en marche. Il est de bon ton de traiter les écologistes d’utopistes, et de qualifier d’irréalistes leurs propositions, alors que le prolongement des pratiques actuelles nous conduit dans le mur, et tous les experts le savent. Demain sera bien différent d’hier, et il faut sans états d’âme explorer des voies nouvelles. Les écologistes sont cette nouvelle espèce d’explorateurs, bien utiles mais cibles faciles aux tenants du rien faire.
L’observation des faits montre que malgré ces critiques, qu’un peu partout dans le monde naissent et se développement de nouvelles pratiques qui fonctionnent et s’intègrent dans le milieu économique général. En voici quelques exemples, en France, dans le domaine de l’énergie, mis en œuvre dans le secteur de l’agriculture et des industries agro-alimentaires (1). Des innovations qui illustrent les marges de progrès dont l’agriculture dispose, elle qui émet 20% des gaz à effet de serre pour une production de l’ordre de 2% du PIB français.
Nous sommes sur une exploitation laitière à Beussent, dans le Pas-de-Calais. 130 vaches laitières. Leur lisier, récupéré dans la fosse où se déverse les effluents d’élevage, alimente une unité de micro-méthanisation. Celle-ci « permet de produire de l’électricité tout en réduisant fortement le bilan carbone de l’exploitation, de 20 à 30 %, et en captant 90 % du méthane produit », chiffre Biolectric, la société belge qui a conçu le projet. Le digestat est épandu sur les 177 ha de l’exploitation, en fonction des besoins des cultures. Retour d’investissement : 7 ans et demi. La coopérative laitière Sodiaal qui a soutenu l’opération s’est donné pour objectif de déployer 100 micro-méthaniseurs d’ici quatre à cinq ans dans 100 fermes techniquement éligibles. Dans un contexte énergétique bien différent, les Allemands avaient depuis longtemps engagé ce type de politique, associant production laitière et production d’énergie (2) . Il était temps de voir ces pratiques envahir la France.
C’est en Bretagne, à Plouzané plus précisément dans le Finistère, que la start-up Seederal met au point un tracteur 100% électrique. 160 chevaux pour le test, avec pour objectif de proposer une gamme de 100 à 200 CV, avec la possibilité d’y adapter l’ensemble des équipements dont bénéficient les tracteurs thermiques. Une simple prise de courant suffit à l’alimenter, et le must serait que cette électricité provienne de capteurs solaires installés sur les bâtiments agricoles.
Toujours en Bretagne, à Saint Armel (Ille et Vilaine), la coopérative maraichère Solarenn, s’est engagée depuis quelques années pour alléger son bilan carbone, et a notamment installé des trackers solaires sur son domaine. Elle poursuit sa progression d’une manière originale. La toiture de sa station de conditionnement représente 2 500m². L’été, une surchauffe oblige à renforcer la fourniture du froid, et à dépenser de l’énergie. Pour combattre ce phénomène, la coopérative a peint ce toit avec une peinture anti-chaleur, protectrice et réflective, produite par une start-up nantaise Enercool. Elle permet d’abaisser la température intérieure de 6°, et de réduire la consommation de refroidissement de 40%. Retour sur investissement en quatre ans, économie de 100 000 € sur les coûts d’énergie sur la durée de vie de la peinture, 10 ans.
À l’Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse, c’est une PME qui produit des condiments pour la cuisine, Le Coq Noir, et qui utilise beaucoup de vapeur pour chauffer ses ingrédients. Engagée également depuis longtemps dans une réflexion pour réduire sa consommation énergétique et ses émissions de carbone, elle a trouvé une solution avec la société Alto Solution, basée à Aix-en-Provence. Ce sont des capteurs solaires à condensation qui apportent la chaleur nécessaire, ce qui réduit d’environ ¾ la consommation de gaz. Puissance de l’installation : 500 kW thermiques. Un prototype que ses concepteurs voudraient développer dans tous les secteurs de l’industrie de transformation manufacturière.
Quatre exemples, parmi bien d’autres, qui montrent que l’écologie est en marche, avec le rapprochement d’entreprises ou d’exploitations agricoles avec des énergéticiens engagés dans la décarbonation. Double dividende attendu dans tous ces cas, économies pour l’activité, et réduction de la pression sur la planète. "Deux fois plus de bien-être,en consommant deux fois mpins de ressources", c'est ça, le développement durable .
1 - Source : Les clés de la transition énergétique, juillet 2024
2 - Voir à ce sujet le mot Gaz
Edito du 21 août 2024
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