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Les vieux : Charge ou ressource ?

 Le vieillissement de la population apparait souvent comme un handicap. Il l’est assurément si nous considérons les vieux comme une charge. Tout change si nous les considérons comme une ressource.
Le débat sur l’âge de départ à la retraite est relancé. Et c’est à chaque fois la même chose : les retraités sont considérés implicitement comme improductifs. Ils ont bien travaillé et ils ont droit à un repos bien mérité, mais ils n’apportent rien à la société. Ils sont une charge, et on retrouve toujours mis en avant le ratio actif/inactifs, comme si les « actifs » prenaient intégralement en charge les « inactifs ».
Une vision très réductrice, qui occulte le potentiel des retraités, souvent soutiens de famille (plus jeunes ou plus vieux), élus locaux, membres engagés d’associations notamment caritatives, et actifs dans de nouveaux jobs, adaptés à l’âge et à la disponibilité. Les vieux produisent de la richesse. Ils ne sont pas de simples assistés, comme certains semblent le penser. Cette production n’est pas « marchande » dans la plupart des cas, elle n’apparait pas dans les comptes mais elle est bien réelle.
Il y a bien des manières de se rendre utile, et les vieux le savent bien. Il y a là une source de richesse considérable, ainsi que d’économies financières. Pour ne prendre qu’un exemple, les restos du cœur sont animés très largement par des retraités. Combien couterait la prise en charge de leurs « clients », si elle devait être assurée par des services sociaux officiels ? Une question à élargir à l’ensemble des associations caritatives, mais aussi culturelles, sportives, environnementales, etc. , où le bénévolat des retraités apporte aux permanents salariés un secours décisif. Les vieux apportent aussi une contribution forte à leur famille, qui n’entre pas dans les comptes. Soutien à leurs très vieux parents, soutien à leurs enfants en « base arrière », pour s’occuper de leurs petits-enfants en cas de besoin, pour les accompagner dans des démarches professionnelles ou extra-professionnelles. Un apport considérable à l’économie et à la vie sociale. Elargissons le raisonnement à la vie politique, au plus près des populations, dans les communes. Combien de retraités parmi les 600 000 élus locaux de France, dont la plupart sont quasi ou totalement bénévoles ? Combien de fonctionnaires faudrait-il pour assurer cette permanence sur le territoire, ce lien social, ce repère dont beaucoup ont besoin pour se situer ?
Ne négligeons pas par ailleurs l’activité professionnelle que de nombreux vieux prolongent dans un autre cadre qu’avant, plus libre, choisi. Elle existe fort heureusement et pourrait se développer si elle était reconnue au lieu d’être perçue comme une concurrence à l’activité des « actifs » officiels. Une forme et des modalités de production à adapter à l’âge et au métier, bien évidemment, comme cela se fait souvent aujourd’hui, mais sans reconnaissance ni adaptation du statut et des charges à la situation réelle des intéressés. Nul doute qu’une véritable prise en considération de cette activité permettrait son développement pour le plus grand bonheur de la société et des vieux concernés, heureux de jouer encore un rôle, au plus grand profit de leur santé et de leurs relations sociales, en plus de leur pouvoir d’achat.
Les vieux, un quart de la population, et bientôt un tiers, constituent un réservoir de compétences, de savoir-faire et d’expérience qu’aucune société ne peut se permettre de négliger.
Ajoutons que l’activité des vieux présente d’autres avantages. Elle crée du lien et du mouvement, leur donne une place dans la société, et constitue une réponse au fléau de la solitude qui se répand dans notre pays, avec pour conséquences la dépendance et les coûts sociaux qui en résultent.
L’âge du départ à la retraite prend une tout autre signification si nous le considérons comme un âge où nous changeons la manière de contribuer à la vie sociale. Ce n’est plus la fin de l’activité, mais un nouveau départ pour ceux qui le souhaitent et ils sont nombreux (1). Le débat porte alors sur la meilleure manière d’accompagner les « retraités » vers de nouvelles activités qui seront utiles à la société, qui leur permettront de conserver des liens sociaux et de rester « dans le coup », de retarder ainsi l’âge de la dépendance, et parfois d’arrondir leur retraite. Une approche sociétale, bien au-delà de la simple approche comptable à laquelle elle apportera sûrement, en plus, des réponses originales.
Faisons des retraités une ressource. Ce sera bien plus intéressant que de gagner quelques mois ou années de travail traditionnel, consenti par résignation.

1 - Voir à ce sujet « Le retour des vieux », l’édito du 16 octobre 2022
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