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Une relance par les sols

En ces temps de « relance » que l’on voudrait être verte, voici un bon investissement : un rapport de 1 à 30. Il s’agit de restauration des sols. L’ONU et ses filiales, FAO et PNUE, en charge de l’alimentation et de l’environnement, ont rendu public le 3 juin un rapport sur la restauration des sols dans le monde. Rappelons que nous sommes dans la décennie onusienne pour la restauration des écosystèmes.
Les bénéfices à attendre de la restauration des sols sont multiples. Des doubles ou triples dividendes en perspective, c’est bien du développement durable. Il y a bien sûr la sécurité alimentaire de millions de personnes, avec des productions locales au lieu des aides au titre de programmes alimentaires. La reconstitution d’humus et de matières organiques dans les sols est aussi une forme de puits de carbone. Une bonne note pour le climat. Une bonne note aussi pour le régime des eaux, les sols reconstitués retrouvant une capacité à retenir cette ressource si précieuse. Ajoutons une couche pour la biodiversité, les milieux retrouvant leur richesse et leurs populations d’insectes, d’oiseaux, de vers de terre, etc. sans oublier les végétaux petits et grands.
A l’inverse, la dégradation continue des sols provoque une perte de ce que l’on appelle les services écosystémiques dont profite l’humanité, une perte évaluée à 10% de la production économique mondiale chaque année. Bien sûr, une bonne part de cette perte n’est pas comptabilisée, il s’agit de services gratuits, du capital commun qui s’érode, et il faut des études scientifiques pour la mettre en évidence. Et bien qu’elle concerne tout le monde, personne ne s’en sent responsable, si ce n’est l’ONU qui lance un cri d’alarme et tente de mobiliser les Etats. Ceux-ci se sont engagés à restaurer un milliard d’hectares (la superficie de la Chine, pour fixer les idées) dans les 10 ans de cette décennie. Cet effort demande un investissement important, 200 milliards $ par an, mais un investissement hautement rentable. Rien que sur le climat, cette politique permettrait de contribuer pour un tiers à l’atténuation du réchauffement.
Un volet supplémentaire à ce programme est démographique. Ces hectares restaurés offrent des ressources, mais ils doivent être cultivés et entretenus. Une exigence intéressante pour lutter contre le gigantisme de villes, notamment littorales, où s’entassent des millions d’émigrés qui quittent leur sol natal. Une occasion aussi de développer l’agroforesterie et l’agroécologie, qui peuvent à la fois créer de la richesse pour les humains et favoriser la biodiversité. Du gagnant-gagnant. C’est une politique démographique, avec un important volet de formation, qui doit être menée de pair, pour fixer des populations fragilisées, et leur offrir un avenir. Parmi les effets attendus, mentionnons la réduction des migrations internes aux grandes régions du monde concernées, et par suite de la part d’émigration vers les pays du « Nord ». C’est un nouvel équilibre global qui est en jeu.
Voilà donc une opportunité de relance que les journaux ne mentionnent qu’à peine, alors que le défi est immense, avec des bénéfices pour tout le monde, du Nord au Sud.
Le développement durable est à notre portée, encore faut-il savoir le saisir.

Edito du 9 juin 2021

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