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Reprise et climat, où en est-on ?

La reprise est là, et elle s’annonce plus vigoureuse que prévu. 3% de croissance au 3e trimestre, résultats positifs pour les compagnies aériennes, les premiers depuis le début de la crise sanitaire. Bonne nouvelle, mais cette reprise est-elle en phase avec l’idée que l’on pouvait se faire du « monde d’après » ? La pénurie de nombreux produits et la hausse du prix des énergies pourraient bien y contribuer. Il faut bien s’adapter à cette contrainte, et la créativité de nos entreprises pourrait être stimulée pour trouver des solutions de substitution. Il n’y a pas de progrès sans pression, espérons que cette situation à la fois de hausse de la demande et de difficultés d’approvisionnement sera fructueuse. Comment faire plus avec moins, ou plutôt comment faire mieux avec moins, pour reprendre le titre du livre tout fraichement publié de Philippe Madec ?

Cette reprise survient dans une actualité climatique chargée. Il y a bien sûr la COP 26, ouverte le 31 octobre à Glasgow, mais aussi le « climate finance day », qui s’est tenu le 26 octobre dernier à Paris, et le lancement de la « plateforme numérique participative » ouverte le 2 novembre par le gouvernement sur les enjeux du changement climatique. Sans oublier les récents rapports sur la neutralité carbone, signés RTE et Négawatt.
La COP26 sera la 10e au moins « COP de la dernière chance », depuis celle de Copenhague en 2009. De forts attentes, donc, et des désillusions en perspective. Les progrès sont réels, mais pas à la mesure des enjeux. Les Etats ont bien sûr des responsabilités, mais n’attendons pas tout d’eux. Aucune loi ne change pas les pratiques si la société n’est pas en accord. Et la société a bien du mal à accepter de changer. Le déstockage du carbone enfoui dans les profondeurs a été un facteur de développement extraordinaire. Toute cette énergie disponible, accumulée au cours de millénaires ! Ce fut un miracle, ou un mirage, et le retour aux réalités est douloureux. Quels leviers pour faire accepter le changement, telle est la question. La peur et la culpabilité ne me semblent pas être les bons, il faut donner envie du changement, et il y a de solides arguments pour cela.
Côté finances, les banques et les assurances prennent des engagements, mais bien timides. Ils abandonnent progressivement les financements les plus critiqués, les hydrocarbures non conventionnels (gaz et pétrole de schiste, sables bitumineux) et le charbon, mais ils ont bien du mal à le faire pour le pétrole et le gaz conventionnels. Des engagements qui semblent bien insuffisants pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, selon les autorités des marchés financiers, et sont fortement critiqués par les ONG. Peut mieux faire, donc, et ce serait une bonne chose pour le climat, car la finance reste le « nerf de la guerre », et pour les financiers qui préserveraient leurs actifs sur le long terme et réduiraient le risque de dévalorisation brutale de leurs capitaux.
Quant à la consultation lancée par le gouvernement, ouverte aux citoyens et aux entreprises et autres institutions, elle s’inscrit dans une opération longue et aléatoire. Il s’agit de préparer une loi cadre qui devrait être adoptée avant juillet 2023. Là encore, on prend son temps, et bien des évènements peuvent affecter ce projet. Ajoutons que le cadre proposé est restrictif, mais chacun peut apporter sa contribution, au-delà des cases à cocher. Que cela ne vous empêche pas d’y participer, profitons de ces ouvertures, même imparfaites.
Le climat est à l’honneur au moment où les signes de la reprise économique deviennent tangibles. Deux évènements qui semblent aujourd’hui distincts, indépendants l’un de l’autre, alors qu’il faudrait les conjuguer, ou au minimum les harmoniser. Le « monde d’après » a du mal à émerger.

Edito 3 novembre 2021



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