Proximité et quête de sens pour changer le monde
Ça devient un marronnier, c’est chaque année la même chose. Une heure pour la planète, earth hour en anglais, revient régulièrement avec le printemps, et aavec son message : il faut se priver pour la planète. Le plaisir et la protection de l’environnement sont ainsi opposés avec constance depuis des années. Est-ce le bon argument pour obtenir des changements de comportement ? Il est permis d’en douter, tout simplement au vu des résultats. Tout le monde (ou presque) est d’accord pour dire qu’il faut faire quelque chose, mais le passage à l’acte ne suit guère. La stratégie de l’alerte à répétition n’a pas produit les effets escomptés, l’appel au sacrifice ne fonctionne pas, ou pas assez.
Mais comment changer de registre, quand on a tout misé sur un argumentaire moralisateur, où il faut souffrir pour expier les fautes que nous avons commises à l’égard de la planète. A la culpabilité s’ajoute aujourd’hui la honte, honte de prendre l’avion, honte de manger de la viande, honte de ne rien faire pour le climat. Culpabilité et honte, des registres qui préparent l’opinion à la nécessité de lois pour nous obliger à faire ce que ni la persuasion ni la pédagogie ne sont arrivées à nous faire faire. L’état d’urgence climatique est une manière d’imposer des mesures autoritaires.
Nous sommes bien sûr dans une situation critique. Le 21e siècle est celui de tous les dangers, guerres nucléaires et effondrement de la biodiversité, réchauffement climatique et famines aggravées, pénurie d’eau douce, pandémies généralisées à la surface de la planète. La question est de la manière d’y faire face. En suscitant la peur de futurs dramatiques, ou en donnant l’envie de lendemains qui chantent. La stratégie de nombreuses ONG et défenseurs de l’environnement semble pencher du côté de la première assertion. Depuis 1962 et le livre de Rachel Carson « Le printemps silencieux » l’alerte est devenue l’axe principal du discours écologiste. Les solutions et les perspectives d’avenir ont également été recherchées, elles existent et sont porteuses d’espérances, mais elles sont occultées par le discours de peur du futur, et perdent ainsi leur crédibilité. Comment peut-on prétendre que la lutte pour l’environnement est pleine de promesses, alors que le même environnement est mis en avant pour nous demander de nous restreindre, de nous priver, et pour nous montrer à quel point nous sommes irresponsables. Un double discours vite réduit à son aspect le plus spectaculaire, et le plus angoissant, la peur de l’avenir.
Il serait aussi bien présomptueux de prétendre que nous avons toutes les solutions, et que les lendemains qui chantent sont là. Mais ils sont à notre portée, et il faut aller les chercher. Un effort est nécessaire pour en profiter, et il en faudra, de l’énergie et de la détermination, pour entraîner la société sur cette voie. Des mesures d’ordre politique ou sociologique, comme une nouvelle répartition des pouvoirs et des responsabilités, ou des innovations de nature technique comme nous le laissent entrevoir les progrès extraordinaires des énergies renouvelables, pour ne prendre qu’un exemple.
Pour mobiliser sur des bases positives, pour ne pas dire offensives, en opposition aux mesures défensives qui fleurissent aujourd’hui, il faut des axes forts, en phase avec la société. Dans mon livre, Le vent s’est levé, j’en propose deux, et il y en aurait bien d’autres. L’importance de la proximité, qui ne veut pas dire enfermement ou repli sur soi, bien au contraire, car aucune communauté ne peut prospérer sans échanges, personne n’a la solution à soi tout seul. La seconde est la quête de sens, dans un monde qui s’emballe et semble ne plus savoir où il va. Des axes porteurs d’avenir, à transformer en leviers pour faire changer le monde.
Edito du 31 mars 2021
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