Pour en finir avec l’écologie punitive : l'écologie offensive
Il est souvent reproché à l’écologie d’être punitive. Il est interdit de, faut pas, la nature se venge, etc. C’est une tendance fréquente, hélas, qui dérive d’une autre tendance, l’écologie défensive. La planète est en danger, il faut la défendre, créons des ZAD, zone à défendre. En fond de décor, le principe de précaution, les études d’impact et toutes les procédures préalables à toute initiative. De quoi en décourager plus d’un, et susciter une révolte.
L’écologie défensive est en partie le fruit d’un malentendu. Le principe de précaution, par exemple, n’est pas un principe d’immobilisme et de refus de tout risque. C’est au contraire un élément fondateur d’une culture du risque, bien peu développé chez nous. C’est un encouragement à la prise de risque, ce qui suppose un garde-fou pour garder la maitrise des initiatives porteuses de risques « graves et irréversibles », dont la collectivité serait victime. Des cas très peu fréquents, comme l’introduction d’OGM ou la création de déchets toxiques dont l’élimination n’est pas assurée. La pratique est toute autre, le principe de précaution est devenu un parapluie ouvert à chaque fois qu’il y a un risque, fut-il minime. Le mot « précaution » est peut-être maladroit, il produit de la confusion, ce qui a facilité le détournement du principe, qui, lui, est offensif autant au moins que défensif. Itou pour les études d’impact. Conçues pour améliorer les projets et éviter des erreurs regrettables, appelées parfois effets collatéraux, elles sont devenues une procédure administrative pénible, que de nombreux opérateurs ont respectée a minima, sans en tirer aucun bénéfice pour le projet lui-même. Un gâchis.
Le fait que l’écologie pourrait être un plus, une aide dans le montage de nos entreprises, un regard qui les enrichit et les intègre dans le milieu environnemental et social où elles doivent des développer, semble totalement hors de l’état d’esprit des décideurs et des faiseurs d’opinion. Inimaginable, sans doute, que des « effets collatéraux » puissent être favorables, à condition d’ouvrir les yeux, de regarder et d’en parler autour de soi. La recherche de doubles dividendes est un des fondamentaux du développement durable. Ils sont souvent à portée de main, encore faut-il aller les chercher, ce qui suppose un minium de curiosité et d’ouverture d’esprit. Le contraire du repli sur soi.
Le réchauffement climatique et la chute de la biodiversité constituent de vrais dangers, il faut bien sûr s’en défendre, mais la meilleure défense est, là aussi, l’attaque. L’écologie doit être offensive, et promouvoir une qualité de vie accrue. Double dividende, du plus pour les humains et pour la planète, pour les générations actuelles et pour les suivantes. Le changement à opérer pour éviter les catastrophes annoncées doivent produire de la qualité de vie, dont chacun pourra bénéficier. Le développement durable est la recherche de solutions permettant d’atteindre ces deux objectifs. Une recherche qui prospère sur le terrain, comme en atteste le livre de Frédéric Denhez, « Rencontre avec des écolos remarquables », souvent loin des appareils administratifs mais proche des acteurs des territoires. Une recherche fondée sur le dialogue, la détermination et la capacité à imaginer d’autres modes de vie et de travail.
Pour en finir avec l’écologie punitive, et avec sa grande sœur l’écologie défensive, qui nous demandent des efforts juste pour éviter les catastrophes, vive l’écologie offensive, qui mobilise pour imaginer et mettre en pratique une vie qui offre de réelles opportunité d’épanouissement pour l’humanité, tout en étant compatible avec la finitude du monde. Un défi à notre portée.
Edito du 2 juin 2021
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