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La qualité de la vie, un oubli fâcheux

Le développement durable est une recherche. La recherche de nouveaux modes de vie, de production, de consommation, qui nous permettent d’améliorer notre qualité de vie en restant dans les limites de ce que la planète nous offre. Ce n’est pas facile, nous voyons bien que chaque année le jour du dépassement (1) se rapproche, le dépassement de notre consommation par rapport à la production de la planète. Certains cherchent une solution dans la fuite en avant, en allant chercher des ressources sur d’autres planètes ou sous la calotte glacière. C’est un pari bien risqué, et surtout une vision ancienne, fondé sur le principe de colonisation, celle de l’espace notamment, qui fait alors l’objet d’une « conquête ».


Une autre manière de faire est de porter l’effort sur le meilleur usage des ressources disponibles. « Deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources » pour reprendre le sous-titre du rapport au Club de Rome « Facteur 4 ». C’est dans cette direction que notre capacité d’innovation doit être stimulée, et non dans la recherche sans fin de ressources nouvelles, obtenues à des coûts environnementaux de plus en plus élevés.
Le récent rapport du GIEC nous incite fortement à changer de type de croissance. Face aux défis, la tentation est forte de solliciter notre catalogue de mesures déjà bien identifiées. C’est ce qu’a fait la convention citoyenne pour le climat, qui a repris des propositions environnementales classiques. La participation de nouveaux arrivants, non spécialistes ni militants, n’a pas permis de mettre de faire émerger de nouvelles approches. En son temps, la commission Attali « pour la libération de la croissance française » n’avait pas fait mieux que de ressortir d’anciennes propositions. C’était en 2007, et ces propositions n’ont pas connu un sort meilleur qu’avant d’être consacrées par la commission. Il semble bien qu’il en sera de même pour les mesures préconisées par la convention citoyenne pour le climat. Les forces de résistances ou de rejet ne disparaissent pas après le passage dans une commission. Il faut innover réellement, et pour cela abandonner les certitudes et les postures existantes.
Il faut dire qu’il est rassurant de se raccrocher à des solutions traditionnelles, et de rester dans sa zone de confort, qu’elle soit conservatrice ou révolutionnaire. Dans notre hâte de trouver des solutions, nous avons la fâcheuse tendance à reprendre celles qui existent déjà, et, d’une certaine manière, à poser les problèmes de manière à promouvoir les solutions que l’on connait bien, celles que l’on a « en magasin ». La proposition de la solution précède l’exposé du problème, si l’on peut dire. Nous préférons dire « il faut faire ceci, il faut interdire cela » que de faire le diagnostic de la situation, avec son historique, sa dynamique, les interférences entre les phénomènes concernés, le jeu des acteurs, etc. Ce n’est pas comme ça que la recherche d’un développement durable progressera.
Croissance du bien-être, et réduction des prélèvements de ressources en général, et plus particulièrement aujourd’hui croissance du bien-être et maîtrise des changements climatiques. Tel est l’énoncé du problème que nous avons à résoudre. Il y a surement plusieurs solutions, certaines autoritaires, d’autres d’inspiration libérale, certaines misant sur les progrès techniques, d’autres sur l’évolution des modèles culturels, etc. L’éventail est large, évolutif, et variable selon les communautés concernées, leur type de développement, leurs religions, leur histoire. C’est évidemment un mix de ces solutions qu’il faut rechercher, à combiner et à doser habilement, mais le succès réside dans le bon équilibre entre le gain à espérer, « croissance du bien-être », et l’effort à consentir pour maitriser les changements climatiques, les réduire ou s’y adapter. Il semble qu’aujourd’hui le deuxième volet tienne la vedette, au détriment du bien-être. Peu de réflexions sur ce dernier, réduit le plus souvent au pouvoir d’achat. La qualité de vie, qui a donné son nom au ministère en charge de l’environnement dans le courant des années 1970, a disparu des discours. Un oubli fâcheux. Ne nous étonnons pas ensuite de la difficulté à faire accepter les efforts que tout changement exige. Il n’y aura pas de développement durable ni de lutte efficace contre le changement climatique sans croissance de la qualité de vie, terme à prendre dans toute son étendue, bien au-delà du pouvoir d’achat.

1 - Voir l'édito du L'édito du 18 juillet 2021

 

Edito du 18 août 2021

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