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L’agroécologie à l’honneur

« L'agroécologie est l’utilisation intégrée des ressources et des mécanismes de la nature dans l’objectif de production agricole. Elle allie les dimensions écologique, économique, et sociale et vise à mieux tirer parti des interactions entre végétaux, animaux, humains et environnement ». Cette définition donnée par le ministère montre tout l’intérêt de courir deux lièvres à la fois, et même trois, l’environnement, et les dimensions économique et sociale, les 3 fameux « piliers » du développement durable. Elle affirme que ce sont les mécanismes naturels qui sont source de richesse et invite à soigner la nature pour optimiser les récoltes. Nous sommes loin des approches courantes, basées sur des apports toujours plus importants pour booster la productivité. Adieu le glyphosate et autres produits, adieu le tassement des sols sous le poids d’engins de plus en plus lourds, vive le ver de terre et les légumineuses, vive la polyculture et les assolements qui permettent de combiner plusieurs types de productions et de jouer de cette diversité.


Vous le savez bien, ce n’est pas le modèle dominant chez nous et en Europe particulièrement. C’est celui retenu par l’ONU lors du « Food systems summit » (Sommet des Nations Unies sur les Systèmes Alimentaires » qui s’est tenu fin septembre à New-York, en marge de l’assemblée générale des Nations Unies. Il en est sorti un « engagement pour la transformation des systèmes alimentaires par l'agroécologie », qui affirme notamment « l’agroécologie constitue une solution incontournable pour la transformation des systèmes alimentaires vers des systèmes sains, résilients, équitables et durables ». Un beau programme.
Il touche évidemment l’Afrique et les pays dits du Sud, mais aussi ceux du Nord, l’Europe en particulier. La « grande muraille verte » qui doit relier Dakar à Djibouti en est une illustration spectaculaire. Elle concerne 100 millions d’hectares répartis sur onze pays, sur près de 8 000 km. Sa progression est retardée par la situation politique locale et les difficultés de financement, mais le contenu du programme tient bien les trois axes, biodiversité, sécurité alimentaire et création d’emplois « durables », ce qui permet de fixer des populations fragilisées par l’avancée du désert. Il faut ajouter un volet climatique, à la fois d’adaptation aux effets du réchauffement et d’atténuation dudit réchauffement. C’est ce que l’on appelle des « solutions basées sur la nature ».
En Europe, une étude menée par l’Institut du développement durable et des relations internationales, sous le nom de « ten years for agroecology in Europ (TYFA) publiée fin 2018 explore la faisabilité de l’agroécologie pour répondre à nos besoins alimentaires et préserver une capacité d’exportation (tout en abandonnant les importations de 40 millions de tonnes de protéines végétales, représentant plus de 20 % de sa surface agricole utile et dépassant de loin le niveau de ses exportations). Une « trajectoire » pour 2050 y est présentée, qui permettrait en outre une réduction des émissions de GES du secteur agricole de 40 % par rapport à 2010. Que du gagnant, pour l’agriculture et les agriculteurs, pour la biodiversité, le climat.
Tout récemment l’Académie d’Agriculture, en France, a signé l’engagement onusien pour de nouveaux systèmes alimentaires. Une position logique, si l’on suit le point de vue exprimé par un de ses experts du groupe de travail sur l’agroécologie : « Bien loin d’une simple fusion entre agronomie et écologie, l’agro-écologie se positionne à la fois dans le champ des sciences de la nature, des sciences économiques et sociales, de la politique et de l’action. L’agro-écologie nous conduit à explorer de nouveaux champs de savoir, aux interfaces entre disciplines, sur les impacts agronomiques des régulations biologiques autant que sur les systèmes socio-écologiques. Mais, plus encore, elle nous engage à faire évoluer nos manières de travailler : développer les approches systémiques, en renonçant aux séduisantes simplifications du type « un problème, un intrant » ; revaloriser les savoirs locaux et les mettre en synergie avec les savoirs scientifiques ; décloisonner l’innovation, en repositionnant l’agriculture au sein des territoires et des systèmes alimentaires (1) ».
Je ne sais pas si le bonheur est dans le pré, mais les solutions sont dans la nature !

1 - Jean-Marc MEYNARD, au cours d’une séance du 30 janvier 2019 à l’Académie d’agriculture de France,

 

Edito du 27 octobre 2021

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