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Faire simple

Le développement durable rencontre une vraie difficulté. Comment faire simple pour parler de la vie, celle des humains et du vivant en général, de la planète et de la vie quotidienne, de la fin du monde et de la fin du mois ? Il s’agit d’entrer dans la complexité du monde, de prendre en compte de multiples interactions, des intérêts apparemment divergents, des échelles de temps et d’espace complémentaires mais contrastées, les besoins du présent et les exigences du futur. Nous sommes dans des approches « système », avec un tas de dimensions et de facteurs qui interagissent entre eux, bien loi des approches simples, du type action-réaction, les approches « linéaires », à une seule dimension.
Et pourtant, il faut faire simple, pour obtenir l’adhésion du plus grand nombre, sans laquelle la transformation de la société, de ses modes de vie, de production et de consommation, n’est pas possible. L’idée première est pourtant simple : bien vivre sans compromettre les chances de nos enfants de vivre bien, eux aussi. Il y a eu les théoriciens de la chose, qui en ont fait une affaire de spécialistes, avec un vocabulaire codé, et, inévitablement, des conflits sur le sexe des anges du développement durable. Parfait pour mobiliser leurs pairs et les militants, mais pas fameux pour entraîner l’ensemble de la société.
La maitrise de complexité n’est pas l’apanage de quelques élites. Les peuples que nous disons primitifs, les chasseurs-cueilleurs, vivaient dans un univers complexe dont ils avaient su trouver les clés. Les capacités d’observation, d’apprentissage, d’effort, de dépassement des contradictions sont bien réparties chez les humains, encore faut-il les stimuler à bon escient.
Une des manières d’y parvenir est de faire en sorte que chacun y voit l’intérêt qu’il peut en espérer. Le changement, oui, si j’y trouve des perspectives agréables. S’il n’est qu’un effort pour survivre, ou même une régression, je regarde ailleurs, en espérant y échapper. Même si « la maison brûle ».
Une autre est de faire appel à la sensibilité, « moteur de l’intelligence » selon Paul Valéry. La biophilie, par exemple, pour donner envie de mieux connaître la biodiversité. L’amour du beau, de la nature, des animaux, pour stimuler la faim de connaissances, le désir de comprendre, d’approfondir.
Et puis il y a le rôle des professionnels, des spécialistes, pour rendre simple des affaires complexes, de les rendre accessibles au profane. C’est un effort considérable, qui leur est demandé, mais un effort indispensable pour faire sortir le développement durable de la sphère de quelques « sachants » ou quelques passionnés, pour entrer dans l’univers de tout un chacun. Objectif : rendre le développement durable facile, en faire partager les ambitions, en donner envie.
Revenir à la définition première, où le présent et le futur cohabitent. C’est facile à comprendre, et les sociétés traditionnelles, comme la société paysanne française, ont toujours vécu avec cette double vision de la vie. Un socle d’ordre culturel à partir duquel il sera possible de s’aventurer dans la complexité.

Edito du 23 juin 2021

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