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Environnement et production, même combat

La mode est aux débats, grands de préférence, et aux états généraux. La négociation sur la politique agricole commune (PAC) a été préparée par un débat public appelé ImPACtons ! , qui a produit 1083 propositions de citoyens, sous l’égide de la Commission nationale du débat public, dont c’est le métier et qui sait rester neutre sur le fond. Une grande qualité qui tranche avec d’autres débats, et donne aux conclusions une forte légitimité. Une des grandes orientations retenues par le Gouvernement est « le renforcement de l’ambition environnementale de la PAC ». Ce qui ne l’empêche pas d’affirmer que le rôle principal de la PAC est d’ordre économique. Comme si les deux préoccupations n’étaient pas de même nature ! La prospérité de l’agriculture française et européenne est par nature liée à sa capacité à conjuguer production et préservation des ressources, sols, eau, climat, patrimoine vivant, paysages, etc. Pas d’avenir pour l’agriculture sans prise en charge du milieu où elle s’exerce et des ressources qu’elle utilise, et c’est d’ailleurs la même chose pour toutes les activités humaines. On retrouve implicitement dans cette réponse du ministère l’idée que l’environnement et l’économie sont en opposition, alors que c’est tout le contraire : ce sont les agressions à l’environnement qui coûte cher et les entreprises qui réussissent durablement sont toutes attentives à intégrer l’environnement dans leur projet.
Les réactions des professionnels aux récents épisodes de gel sont instructives à cet égard. Alors qu’il est maintenant de plus en plus évident que le réchauffement climatique est aussi un dérèglement, et que les phénomènes de ce genre seront de plus en plus nombreux, les viticulteurs et autres arboriculteurs que l’on a pu entendre à la radio et à la télévision n’envisageaient nullement de changer de modèle. Ils demandaient surtout des garanties financières, régime d’assurance plus performant, fonds de soutien, etc. Une préoccupation logique à court terme, mais bien fragile à tenir dans la durée, où l’idée d’une production moins sensible au gel semble s’imposer. Le « bon sens paysan » est bien pris en défaut. L’idée que leurs productions ou leur manière de produire devaient évoluer semblait étrangère à ces représentants. C’est comme pour la pénurie d’eau douce pour certaines cultures, comme le maïs en été. Au lieu de chercher des végétaux moins sensibles aux sécheresses, les cultivateurs demandent plus de barrages. Le dérèglement climatique affecte durement certaines filières. Le vin est particulièrement touché, avec le gel comme on l’a vu, mais aussi par la chaleur qui change les calendriers et grille parfois les raisins. Ne compter que sur les aménagements financiers serait à courte vue. La viticulture a su se renouveler après l’épreuve du phylloxéra, pourquoi ne saurait-elle le faire pour s’adapter à la nouvelle donne climatique, phénomène prévisible dont les premiers effets sont bien visibles ? L’aide financière débloquée pour aider les professions concernées à faire face à l’urgence doit « en même temps » favoriser la transition vers de nouveaux modèles et surtout pas conforter les vieilles pratiques. Environnement et production, même combat !

Edito du 21 avril 2021

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