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Dépassement, le bon et le mauvais sens du terme

Le dépassement de soi est le bon sens du terme, mais il en existe, hélas, un mauvais. Celui qui signifie que nous allons trop loin, que nous dépassons les limites, non pas les nôtres, à nous autres humains, mais celles de la planète. C’est un autre aspect de la fin du mois, quand on a dépensé son budget bien avant le 30, mais il s’agit ici du budget « ressources » de l’humanité, dépensé chaque année bien avant la fin de l’année.


La planète prodigue des richesses chaque année, grâce au soleil et à ses multiples apports, à la photosynthèse, aux saisons, aux marées, à la force du vivant, etc. Beaucoup de ces richesses ont été accumulées au fil des millénaires, et nous en profitons aujourd’hui, qu’il s’agisse des énergies fossiles ou de la biodiversité, par exemple. Il se trouve aujourd’hui que l’humanité consomme plus, chaque année, que ce que la planète peut fournir. Et cela depuis une cinquantaine d’années environ. Nous vivons en partie sur le stock accumulé une bonne partie de l’année. Le jour où nous dépassons la production annuelle de la planète s’appelle le jour du dépassement.
En 1970, c’était le 29 décembre. Nous étions presque à l’équilibre, aux erreurs de calcul près. Cette année, c’est le 29 juillet. 5 mois, c’est comme si vous deviez taper sur vos économies à partir du 18 du mois. Ça va un petit peu, vous pourrez rattraper le décalage, mais chacun sait que ce ne pourra pas se prolonger éternellement. Et là, il ne s’agit pas d’argent, qui n’est somme toute qu’une invention humaine, mais de la capacité à produire ce dont nous avons besoin. Le capital nature, qui est à la source de toutes les autres richesses. Le jour du dépassement survient de plus en plus tôt, la seule exception ayant été l’année dernière, marquée par la Covid. Avec la reprise, nous avons également repris le chemin du chèque sur l’avenir, un avenir compromis par la dégradation de la capacité de production de la planète.
Ce n’est bien sûr pas une fatalité. Les ressources sont encore nombreuses, le capital accumulé reste considérable, mais à la vitesse où nous allons certaines richesses vont rapidement faire défaut, qu’elles appartiennent au monde minéral comme au monde du vivant. La dégradation du climat en est un aspect aujourd’hui perceptible, comme la pénurie de certaines matières premières ou la chute de la biodiversité.
Il va donc falloir se dépasser, dans le bon sens du terme. Innover, explorer des voies inédites, et surtout faire le meilleur usage des ressources disponibles. C’est la voie du développement durable. Nous pouvons vivre mieux en consommant moins de ressources, c’est plus sûr que de chercher toujours de nouvelles ressources, toujours plus loin, toujours plus compliquées à prélever, toujours plus risquées. Innovons pour tirer le maximum d’usage des ressources produites chaque année par la planète, au lieu d’investir pour puiser toujours plus sur le stock.

 

Edito du 28 juillet 2021

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