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Changement climatique : l’adaptation passage obligé sur le chemin de l’atténuation

A l’approche de la publication du rapport du GIEC, la question de l’adaptation au changement climatique est parvenue en bonne place. Il est clair que la température va continuer à augmenter, les efforts de limitation du phénomène étant à ce jour insuffisants. Il faut bien sûr les poursuivre et les amplifier, mais les dégâts du réchauffement sont déjà là, ils vont croître et embellir, il faut s’en prémunir.


L’adaptation, donc, en plus de l’atténuation, tout faire pour ne pas dépasser les 2 degrés, et même faire mieux si possible. Il était temps que de s’en occuper. Ça aurait pu être l’acte Un, pour des raisons de compréhension et de pédagogie. L’adaptation part en effet du constat des conséquences du dérèglement, et la première chose à faire est de dresser ce constat, de le documenter, de le partager dans chaque ville, dans chaque région. C’est la prise de conscience des effets du réchauffement qui sera la meilleure stimulation à l’atténuation. A quoi bon, en effet, faire des sacrifices pour contenir un phénomène dont les impacts ne sont pas compris, ou rejetés dans une forme de déni ? C’est en lançant le débat sur l’adaptation que la question de l’atténuation deviendra évidente, et sortira du champ réservé aux experts. Un débat à toutes échelles, avec un accent particulier sur celles où chacun peut observer les évolutions réelles. Un débat entre les dirigeants politiques, les professionnels, les citoyens, les experts et autres « personnalités qualifiées ».
Les phénomènes climatiques de cette année sont instructifs à cet égard. Ce n’est pas le froid qui a fait des dégâts, mais le chaud qui a provoqué une floraison précoce, rendant ainsi vulnérables les cultures. Croyez-vous que les leçons en ont été tirées ? On aurait pu croire que la première réaction concernerait les cultures elles-mêmes. Elles ne sont plus adaptées au contexte climatique, il faut changer les variétés, ou même de type de production. La politique publique devrait soutenir en priorité cette nécessaire mutation, et aider les agriculteurs à relever le défi qu’elle représente. Un effort de recherche agronomique, de formation, de transformation des structures d’accompagnement. Cet aspect a effectivement été identifié, mais l’essentiel des mesures annoncées concerne les assurances agricoles, qui doivent pouvoir faire face à la répétition des accidents climatiques. On continue comme avant, les assurances paieront, pourrait-on penser au vu de ces orientations. L’adaptation ? on verra plus tard. Nous savons tous que le changement a un coût, il casse nos habitudes, nous oblige à sortir de notre zone de confort, mais c’est aussi une opportunité, au-delà d’une obligation de fait. L’adaptation c’est exploiter l’opportunité, et les premiers à se lancer seront les gagnants de l’épisode.
Les stratégies d’adaptation nous conduisent à entrer dans le vif des problèmes du réchauffement. Nous ne sommes plus dans des hypothèses qui restent à démontrer, mais dans le vécu « ici et maintenant ». Le réflexe de l’assurance est, hélas, prévisible en réaction à chaud à des catastrophes. Il n’est pas acceptable dans les politiques au long cours, celles qui sont préparées, négociées, éventuellement testées, en accord avec toutes les parties prenantes. De nombreuses simulations existent sur les conséquences du changement climatique, sur les productions agricoles, les canicules et leurs effets sanitaires, les conséquences économiques pour les secteurs les plus impactés comme le tourisme. En dehors de quelques cas exemplaires, comme le défaut de neige dans les stations de sports d’hiver, lesquelles pensent effectivement à leur adaptation, les suites de ces travaux ne sont guère portées en place publique. L’opinion n’est pas sollicitée, comme elle l’est sur l’atténuation, qui rencontre toujours de vigoureuses oppositions. Les lobbys sont montrés du doigt, à juste titre, mais cela ne suffit pas. Dommage, car l'approche de  l'adaptation peut se révéler féconde, et conduire à des résultats plus convaincants. La prise de conscience, et la mobilisation de l’opinion sur les effets du dérèglement climatique seront d’autant plus fortes qu’elles s’appuieront sur des réalités constatées ou prévisibles sans contestation possible.
Bien sûr, l’atténuation est l’objectif à atteindre, mais le chemin passe par l’adaptation.

 

Edito du 7 juillet 2021

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