Rédigé par Dominique Bidou le . Publié dans Editos 2020.
Le grignotage continu des sols par l'urbanisation nous inquiète à juste titre. Nous en consommons beaucoup plus que nos voisins européens, il doit bien y avoir quelque chose à faire pour enrayer cette facheuse tendance. Zéro artificialisation est devenu un objectif, France Stratégie en a fait un rapport , les professionnels se mobilisent. Nous avons du mal à accepter l'idée de la finitude du monde, et de la rareté des ressources naturelles, au premier rang desquelles figurent les sols.
Rédigé par Dominique Bidou le . Publié dans Editos 2020.
Le nombre de victimes du corona virus est infime par rapport à d'autres causes bien connues, comme le grippe ou les accidents de la route, mais son potentiel nous inquiète, à juste titre. Les conséquences sanitaires peuvent être très lourdes, et par suite les conséquences sur notre vie quotidienne, les relations sociales et sur l'économie. Sur ce point, le cout du corona virus s'avère important, il se compte en pourcent de croissance de PIB et il est réévalué régulièrement. Voilà une parfaite mise en lumière, paradoxalement en négatif, de la valeur de la bonne santé. Le coût de la santé, réduit pour l'essentiel aux soins et à l'indemnisation des journées de travail perdues, est souvent en débat. Objectif affiché, diminuer les dépenses de santé, et par suite les prélèvements nécessaires pour les assurer.
Rédigé par Dominique Bidou le . Publié dans Editos 2020.
Nous sommes en plein salon de l'agriculture. Pour leur défense, de nombreux agriculteurs nous disent qu'ils abandonneront le glyphosate sitôt qu'une autre substance, moins nocive, aura été trouvée. En d'autres termes, pas question de changer, on fait comme avant, mais avec juste un produit différent quand il y en aura un. Plus tard. Une position à laquelle beaucoup de gens raisonnables et le gouvernement ne semblent pas insensible. Ce serait une grave erreur, et cela pour deux raisons (et peut-être bien d'autres que vous pourrez ajouter) qui provoquent de fâcheux malentendus. Le nouveau produit serait bien sûr plus cher, il faut financer la recherche et les brevets qui en résultent. L'écologie serait vite assimilée à ce surcoût, elle coûte cher, c'est pour les riches, alors que le glyphosate fait un malheur dans les pays du Sud.
Rédigé par Dominique Bidou le . Publié dans Editos 2020.
Les émissions globales de CO2 se sont stabilisées en 2019. Le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie s'en réjouit et espère que le niveau atteint ne sera plus jamais dépassé, et que nous assistons au début de la baisse tant attendue. Il a raison de se méfier. Une stabilisation était déjà observée dans les années 2014, 2015 et 2016, due aux progrès de l'efficacité énergétique. Elle est ensuite repartie à la hausse les deux années suivantes, car le besoin d'énergie est encore en augmentation dans une bonne partie du monde.
Rédigé par Dominique Bidou le . Publié dans Editos 2020.
Les mauvaises idées ont la vie dure. La semaine dernière, le ministre en charge de la ville et du logement l'a encore répété en présentant son plan pour une ville durable et neutre en carbone en 2050 : à cette date, 70% de l'humanité vivra dans des villes. A force de répéter cette déclaration, on pourrait finir par penser que c'est inéluctable, alors que cette concentration dans les villes, au détriment des campagnes et des territoires en général, est une bonne partie du problème. Vider les campagnes comme point de départ de la réflexion n'est pas la bonne approche. Bien sûr, il faut de villes durables, mais la question est aussi de rééquilibrer la population sur l'ensemble des territoires, au lieu de la concentrer. La densité de population permet effectivement de faire quelques économies d'échelle, mais elle impose aussi des solutions couteuses et pas toujours performantes côté environnemental.
Rédigé par Dominique Bidou le . Publié dans Editos 2020.
C'est la charte de l'environnement, inscrite dans le préambule de la constitution en 2005, qui a permis au Conseil constitutionnel de s'opposer à un recours des fabricants de pesticides interdits en Europe, qui voulaient pouvoir continuer à en produire pour les exporter. Des produits nocifs pour la santé des hommes et pour la planète, eau, biodiversité, sols, etc. La préservation de l'emploi, invoqué par les indutriels, semble prévaloir à leurs yeux sur la santé des asiatiques et autres africains auxquels ces substances étaient destinées. Le Conseil constitutionnel ne l'a pas vu de cette façon-là, et a rejeté le recours, qui portait précisément sur la liberté d'entreprendre. Un droit qui vient de loin, de 1789 exactement dans la déclaration des droits de l'Homme.
Rédigé par Dominique Bidou le . Publié dans Editos 2020.
C'est le 23 janvier dernier qu'un accord a été conclu pour une taxonomie verte européenne. Taxonomie ? C'est une branche de la biologie dont l'objet est de décrire les organismes vivants et de les regrouper en entités appelées Taxons, pour mieux les observer et comprendre leur fonctionnement. Une forme de classification, qui fait apparaître des propriétés, des comportements. Voilà donc la taxonomie appliquée à la finance. ça n'a pas été facile, mais les négociations sur le projet proposé par la Commission européenne en mai 2018 ont débouché sur un accord dans un déli raisonnable, compte-tenu du rythme européen.
Rédigé par Dominique Bidou le . Publié dans Editos 2020.
La décentralisation est à nouveau sur la selette, avec l'hostité manifestée par les enseignants face au contrôle continu : Une possibiliré d'écarts importants dans les niveaux exigés dans les différents établisements, et un risque d'inégalités qui menacerait l'unité républicaine. Au-delà de cette question d'actualité, la décentralisation est souvent source de débats du fait de la confrontation entre deux aspirations légitimes l'une et l'autre. D'un côté, la décentraisation provoque inévitableent des différences de traitement d'un teritoire à l'autre, lesquelles peuvent être interprétées comme des failles dans la recherche d'égalité inscrite dans nos principes fondateurs. De l'autre, la demande est forte de la part des citoyens d'une proximité avec les dirigeants, notamment ceux qu'ils ont élus. La décentralisation permet en outre d'adapter les solutions aux contextes locaux, eux-mêmes plus ou moins favorables, avec le risque d'accroître les écarts. Mais aussi la possibilité des les réduire, de plusieurs manières. Soit en valorisant au mieux ses propres atouts, plutôt que de se caler sur des modèles inadaptés, soit en activant une forme de solidarité de manière à ce que les régions les plus favorisées soutiennent celles qui auraient moins de chances. Ces deux aspirations ne sont donc pas contradictoires par nature, et il doit bien y avoir une manière de les conjuguer. La grande phase de décentralisation qu'a connu la France en 1982 et 1983 a laissé une latitude aux collectivités locales de s'administrer selon leurs voeux, sans que l'unité nationale ne soit effritée, et, dans de nombreux pays démocratiques la décentralisation ne provoque pas d'inégalités, et a permis de réduire celles qui existaient avant, au point que les régions les plus riches rechignent parfois à payer pour les pauvres. Ce n'est donc pas la décentralisation en soi qui est en cause, mais la politique qui est menée. Bien sûr, la centralisation permet en façade d'esquiver ce débat, mais nous savons bien que les choix centraux, souvent moyennés, ne répondent guère aux besoins sur le terrain, et ne provoque que des mécontentements, avec des récriminations sur les "technos" qui prennent les décisions, à Paris ou à Bruxelles. La décentralisation présente l'avantage de ne pas s'exposer à ces critiques, mais elle permet aussi d'expérimenter une gamme de réponses. La diversité des solutions mises au point dans chaque territoire est un atout indispensable pour progresser dans un monde en évolution rapide. C'est une sorte de banc d'essai qui se constitue ainsi, qui permet aux décideurs du centre et la périphérie de choisir les solutions les plus adaptées. Aucune formule n'est donc parfaite en soi, et quel que soit le choix, c'est la manière dont elle est mise en oeuvre qui permet d'éviter les dérives et d'en tirer le maximum de bénéfices pour avancer "durablement" dans un monde incertain.
Rédigé par Dominique Bidou le . Publié dans Editos 2020.
La question des retraites illustre les difficultés à adopter un nouveau mode de penser, comme il le faudrait pour aller vers le développement durable. Keynes le disait bien, en affirmant que le plus dur n'est pas d'adhérer aux idées nouvelles, mais de se libérer des anciennes. Nous avons abordé la question des retraites comme avant. Mêmes interlocuteurs, avec leurs enjeux particuliers, même état d'esprit, même cadre de réflexion. Difficile de penser autrement dans ces conditions. Les "négociations" reviennent inélucablement sur les paramètres et les modes de calcul des droits. Les jeux de rôle occupent le terrain, et la mobilisation se fait sur des les positions traditionnelles, issues des luttes antérieures et du rappel des principes qui présidaient à la création du système actuel. Une époque où il fallait assurer des vieux jours de courte durée - on était vieux le jour de sa retraite pour la plupart des intéressés -, pour une faible part de la population et un chômage quasi inexistant.
Rédigé par Dominique Bidou le . Publié dans Editos 2020.
La planète Mars fait rêver. Les américains et les chinois notamment rivalisent pour y aller les premiers. Le mot clé est "conquête". La conquête de l'espace est portée au pinacle. Sans doute l'influence de Star war, ce vocabulaire militaire. Pourquoi conquête, alors que le mot "exploration" aurait été, semble-t-il, plus approprié. S'agit-il de s'approprier de nouveaux territoires, de nouvelles ressources, ou de mieux comprendre les origines et le fonctionnement de notre planète, dans le système solaire ?