Une alerte féconde ?
Le débat est reparti, entre les jacobins et les girondins. Les vieux démons sont de retour. Il y a ceux qui voudraient un seul chef, un centre unique de décision, avec une stratégie bien définie une fois pour toutes. On veut savoir où on va ! Et il y a ceux qui pensent qu'il faut coller au terrain, au plus près de la réalité locale. Soyons pragamtiques ! Les premiers ne font pas confiance aux autorités locales pour traiter des situations aussi compliquées, sans avoir pour autant de certitude sur ce qu'il conviendrait de faire. Les autres doutent de ce que leur apporte un pouvoir central qui ignore leur contexte culturel et les relais locaux d'opinion, tout en pestant face aux responsabilités que l'Etat central leur laisse. Et il y l'Europe et l'OMS ! Faut-il les mêmes règles de confinement de Dunkerque à Bonifacio, dans les grandes métropoles et les campagnes profondes, sans oublier les banlieues, les marchands de sommeil, les communautés religieuses, etc. ?
La réponse tient dans la simplicité du message. On ne peut pas faire dans la dentelle, ce serait trop risqué ! Il est vrai que les moyens de communication "de masse" ne peuvent entrer dans les détails. On le voit avec l'affaire des 80km/h, quelle pagaille ! Alors "je ne veux voir qu'une seule tête" reste la ligne de conduite. Tout le monde à la même enseigne. Et vient l'heure du déconfinement. Là, il faut du sur-mesure. Pas tout le monde à la fois, mais toujours dans la crainte du COVID 19. Nous sommes en état de défiance des uns par rapport aux autres, et ça ne date pas d'hier. Que n'a-t-on prédit au moment de la décentralisation de 1982 ? Les élus seraient incapables de faire face à leurs nouvelles responsabilités, ce sera le royaume du clientellisme, etc. Et à l'inverse, tout ce qui vient de l'Etat, ce sont les technos de Paris ou de Bruxelles, ils n'ont rien compris, et d'autres plaisanteries sur leur incompétence notoire. Ce n'est pas dans cet état d'esprit que l'on relève des défis comme ceux du coronavirus. Ajoutons les réseaux sociaux, qui sèment de doute, et l'incompréhesion devant un Etat qui n'est pas tout puissant comme il lui est souvent reproché. L'idée de naviguer à vue n'est pas convenable. Les pouvoirs publics ne peuvent pas l'avouer, et la population ne pourrait pas l'accepter. C'est bien pourtant ce qui se passe, et ce n'est pas médire. Nous sommes face à une part d'inconnu, nous n'y sommes guère préparés ni dans l'organisation des pouvoirs et de notre système de santé, ni dans nos esprits. Cette alerte est pleine d'enseignements à cet égard, et nous donne des enseignements pour les autres changements que nous devons opérer à vue, mais avec un horizon de quelque années et non de quelques semaines comme aujourd'hui. Les défis du changement climatique, de la mort des océans, de la pénurie d'eau douce, de la chute de la biodiversité, et quelques autres sont devant nous, chacun avec sa part de responsabilité, mais avec des solutions qui ne peuvent pas émerger sans esprit de collaboration entre tous, citoyens-consommateurs, entreprises et pouvoirs publics à tous les échelons. Puisse le coronavirus faire naître le sentiment de solidarité et de confiance réciproque, qui sera encore plus nécessaire demain qu'aujourd'hui.
Edito du 21 avril 2020
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