Le grand retour de la marine à voile
Tandis que le cargo Wakashio s'échoue sur des récifs de l'Ile Maurice, polluant ainsi une réserve marine de première importance, de nouveaux concepts se préparent pour une marine marchande non polluante. Vous vous souvenez de l'Alcyone du Commandant Cousteau, avec ses turbovoiles. Plus récemment, le Ferry-Boat à énergie solaire, inauguré en 201O et PlanetSolar, grand catamaran solaire suisse qui a accompli un tour du monde en 2012. Il y a aussi la simple recherche de carburants plus propres que le fuel lourd utilisé habituellement, comme le gaz ou l'hydrogène, mais le recours aux énergies renouvelables reste la meilleure manière de lutter contre l'effet de serre et les pollutions des eaux ou de l'air.
La marine en connait une depuis des lustres, le vent. Deux initiatives françaises peuvent être mentionnées sur ce point. Il y en a sans doute d'autres, l'enjeu le mérite, pardon à ceux que je ne mentionne pas ici. Dans les deux cas, cela ne suffit pas à assurer l'intégralité de l'énergie nécessaire, mais une réduction de la consommation de 20 à 30% est attendue. Toujours ça de gagné. Le cabinet d'architecture navale VPLP a imaginé des voiles rigides, des ailes, d'où leur nom d'Oceanwings. Des ailes composées de deux volets automatisés, qui se déploient et s'orientent en fonction des opportunités. "Entièrement automatisé, autoporté et rotatif à 360°, ce gréement permet d'adapter l'incidence de l'aile quelle que soit l'allure du bateau pour une propulsion optimale tandis que le réglage de la cambrure et du vrillage permet de réguler sa puissance". Une efficacité estimée par ses inventeurs à deux fois l'équivalent d'une voile classique. Un principe utilisé sur les voiliers de sport ou de loisir, puis sur des bateaux de plus en plus gros. La prochaine application d'Oceanwings sera pour l'agence spatiale européenne. Canopée est un bâtiment conçu pour transporter des éléments des fusées Ariane 6. 121 mètres de 30 mètres de haut, 4 ailes de 30 mètres de haut, des capteurs pour enregistrer la direction et la force du vent pour optimiser le système. La route suivie ne sera pas la même qu'avant, elle s'infléchira en fonction des conditions météo. Une autre initiative est venue d'une spin-off d'Airbus appellée Airseas, qui exploite l'expertise aéronautique de sa maison mère au profit du transport maritime. C'est une sorte de cerf-volant, appelé Seawing, qui tire le bateau avec l'énergie du vent. Une aile comparable à celles de kitesurf, manoeuvrée automatiquement, lancée assez haut pour capter l’énergie des vents les plus favorables, et gérée en liaison permanente avec les données météo. "Seawing pilote la position, l'altitude et la vitesse de l'aile afin de fournir la meilleure poussée du navire dans une situation donnée". Airseas a été retenue pour transporter les éléments d'airbus, et a passé un contrat avec la 5e flotte mondiale, le japonais K Line, pour équiper une cinquantaine de navires, des vraquiers comme celui qui s'est échoué sur les récifs de l'Ile Maurice. Une technique qui peut être installée sur des bateaux existants, ce qui permet d'éviter de renouveler toute une flotte pour bénéficier du progrès. Le retour de la marine à voile se fait en venant au secours de la marine traditionnelle. Un progrès réel, mais nous sommes encore loin du "facteur 4". Continuons le combat !
Edito du 12 août 2020
Vous trouverez ci-dessius un commentaire qui m'a été adressé par Bretrand Charrier, Président du Centre de Recherche pour l’architecture et l’industrie nautiques à La Rochelle, qui poursuit les travaux sur les turbovoiles.
"Nous finalisons un partenariat avec un constructeur français de dimension internationale et nous avons un premier client potentiel de premier plan…
La Turbovoile que nous appelons maintenant aile Aspirée est 4 à 5 fois plus efficace qu’une voile classique et nous pensons que c’est plus simple à réaliser que l’aile de VPLP. Le cerf volant est un concurrent sérieux mais ce n’est pas simple de faire voler un cerf volant de 500 m2… Le vrai concurrent est le cylindre tournant, ou rotor flettner. Il y a déjà 5 ou 6 navires qui sont propulsés par des rotors, la technologie semble au point."
La marine à voile new look a le vent en poupe, tant mieux !
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