La créativité au secours du cloisonnement
Espérons-le, l'impact démographique du COVID restera faible, à peine visible par rapport aux 600 000 décès que l'on dénombre en France chaque année. Les mesures prises et notamment le confinement éviteront le pire. Les impacts principaux sont ailleurs, sur l'économie, avec une récession en vue, sur notre système de soins et de protection sociale, nos institutions et notre organisation économique et sociale. Une déstabilisation qui pertube ce bel ensemble, déjà fragilisé par les crises ouvertes ou latentes que nous connaissons, climat, biodiversité, inégalités, radicalisation, perte de sens et défiance vis à vis des dirigeants, et bien d'autres. Nous sommes nombreux à penser que cette crise sanitaire peut favoriser des changements attendus et participer ainsi à la solution sur d'autres fronts. Ce n'est pas gagné d'avance, et la manière dont nous vivons le confinement sera déterminante sur la suite. S'il est perçu uniquement comme une contrainte, voire une pénitence, il y a fort à parier que, une fois les soubresauts du coronavirus estompés, tout reparte comme avant, malgré les beaux discours. Les précautions prises ou annoncées tiendront quelques années, et s'étioleront au fil du temps jusqu'à la prochaine alerte. Pour que le confinement produise des effets notables et durables, il faut lui donner de la force et du contenu qui en fasse autre chose qu'un contretemps. Une occasion de découvrir d'autres modes de vie, de relations sociales, de nouveaux centres d'intérêt. Une nouvelle manière de concevoir l'avenir, non pas pour éviter les drames, mais pour trouver d'autres types de satisfaction et de plaisir. Il y a des approches spécialisées, comme celle que propose l'observatoire des oiseaux des jardins. Un confinement qui conduit à approfondir sa connaissance de son environnement, en l'occurrence les oiseaux de son jardin qu'il s'agit d'identifier et de dénombrer en cette période d'accouplement. Il y a les approches culturelles, livres, instruments de musique, etc. Il y a l'observation de la vie autour de chez vous, comme James Stewart la pratique dans le célèbre film d'Hitchock "Fenêtre sur cour". Il y a aussi toutes les formes de solidarité, avec les soignants, que l'on manifeste chaque jour à 20h, avec toutes les personnes isolées auxquelles nous téléphonons régulièrement, avec les voisins que l'on approvisionne en gardant ses distances, et toutes celles que vous imaginez chaque jour. Il y aussi les réponses collectives, qui seront déterminantes. Le recours aux producteurs locaux, une nouvelle organisation des marchés pour éviter d'avoir à les fermer, et au niveau des Etats les modes de coopération internationale qui seront mis en place. La créativité à toutes les échelles, voilà la manière de réagir et de faire du COVID19 un déclencheur des initiatives nécessaires pour un monde durable. A défaut, craignons les effets négatifs, plus d'égoismes également à toutes les échelles, de repli sur soi, de méfiance réciproque. Durabilité et créativité, même combat !
Edito du 25 mars 2020
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