Jour de dépassement
Nous avons gagné 3 semaines. 3 semaines au cours desquelles, nous n’avons pas vécu à crédit, comme le dit le WWF. Le 22 août est le jour mondial du dépassement. Le jour à partir duquel nous avons consommé l’équivalent de ce que la planète peut fournir en un an. « Cette date correspond au jour où, à l’échelle de la planète, nous aurons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres et cultivé plus de terres que ce que la nature peut nous offrir au cours d'une année. Quant à nos émissions de dioxyde de carbone, elles auront été plus importantes que ce que nos océans et nos forêts sont en capacité d’absorber ». La crise du COVID et ses conséquences économiques nous ont fait gagner 3 semaines, nous avons moins consommé cette année, réjouissons-nous. Mais pas trop vite, car il reste 4 mois d’ici la fin de l’année, 4 mois au cours desquels nous tirerons des chèques sur le futur.
Le prix à payer pour ces 3 semaines est élevé. Il s’agit d’argent, bien sûr, et de déficit des finances publiques et privées, mais aussi de drames humains, maladies et décès, chômage, faillites, et tous les méfaits du confinement, retards scolaires et même décrochage, conflits et violences domestiques, divorces et explosions de querelles de voisinage. Nous nous en serions bien passés. Comment allons-nous faire pour continuer à reculer la date du jour du dépassement, pour revenir progressivement (et même le plus tôt possible) au 31 décembre ? Car la situation actuelle n’est pas durable, dans tous les sens du mot. Il faudrait 1,6 planète Terre pour satisfaire nos besoins actuels, et nous savons que des parties importantes de l’humanité vit au-dessous des seuils de pauvreté, et aspire légitimement à consommer plus. Revenir à l’équilibre, un an de consommation humaine pour un an de production de la planète, est un objectif incontournable à terme, à moins de compter sur la « conquête » de Mars ou d’autres planètes pour compenser le déficit. Une nouvelle aventure coloniale en perspective. Il est possible de l’éviter, et de poursuivre une forme de croissance, celle du bien-être des humains, tout en réduisant notre pression sur la planète. C’est le facteur 4, tel que défini dans un rapport au Club de Rome, à savoir deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources. Le développement durable est cette recherche d’une nouvelle forme de croissance, où les intérêts des humains et ceux de la planète convergent. Ce n’est pas hors de portée, des exemples existent ici et là dans notre pays, et l’expérience du confinement en a provoqué d’autres. Il reste à les populariser, à en donner envie, à faciliter l’entrée en matière. On n’y parviendra pas en faisant peur de l’avenir, mais en mettant en évidence les bénéfices à attendre de cette nouvelle vision du progrès. Un vrai projet politique, au sens plein du terme.
Edito du 26 août 2020
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