Et après ?
Pardon de ne pas vous proposer une nouvelle extraordinaire, comme il sied au 1er avril. La crise sanitaire n'y invite pas. Beaucoup affirment que rien ne sera comme avant. Sans doute, mais de quelle manière ? Pour faire respecter la discipline, bien nécessaire, le gouvernement et de nombreux acteurs avec lui ont recours à la peur du virus, et à la culpabilité que chacun pourrait ressentir s'il communiquait le virus à ses proches. Cette peur est justifiée, mais est-ce le bon ressort ? Sont ainsi mises en avant des valeurs de repli de protection derrière des frontières. Il y a de nombreuses manifestations de solidarité, mais aussi d'inquiétude allant jusqu'a la volonté exprimée sans vergogne d'éloigner de soi les personnels soignants. Le diable du repli frileux une fois sorti de sa boite, il ne sera pas facile de l'y remettre à l'issue de la crise.
Beaucoup reprocheront à l'Etat ne ne pas avoir tout prévu, mû qu'il était par la recherche d'économies dans tous les domaines, sous la pression du ministère des finances, "cost killer" en chef de notre pays. Au niveau international, l'absense de politique commune entraîne une forme de concurrence pour l'accès aux équipements et aux masques. Les français d'abord, peut-on entendre, en écho à America first. La coopération s'arrête là où les intérêts nationaux l'exigent. Il faut aussi manger français, tant pis pour les autres producteurs européens. On aurait préféré une référence à la proximité, mangez des produits locaux et de saison, à cet abandon de toute solidarité avec les agriculteurs d'ailleurs, eux aussi victimes de l'épidémie. L'Europe apparait ainsi à géométrie variable. On coopère à plein pour la recherche (semble-t-il), en fonction de nos disponibilités pour les soins, et pas du tout pour l'alimentation. L'après confinement pourrait commencer par une sorte de grand défoulement comme les incroyables et les merveilleuses après la terreur en 1794, et des réglements de comptes, comme à la libération. La suite est plus incertaine. Elle pourrait bien tirer vers la nécessité d'être maître chez soi, avec retour des frontières et de cloisonnements de toutes natures. Ce n'est pas une fatalité, et les coopérations qui se mettent en place auront peut-être le dessus. L'assurance contre de tels évènements est sans doute plus solide à une échelle européenne, mais sommes nous prêts à ce que des intérêts vitaux soient confiés à une institution affaiblie et jugée opaque par une large majorité de français ? Les réticences à une défense européenne sont bien connues, et il s'agit ici d'une autre forme de défense. Les intérêts en jeu, l'histoire et le contexte ne sont pas les mêmes, et une heureuse issue n'est pas à exclure, qui pourrait entraîner d'autres réformes vers plus de solidarité entre les nations. De nouvelles pratiques peuvent donner des idées, mais il y aura de fortes résistances, le changement ne plait pas à tout le monde. Nous vivons une époque formidable ! (Hommage au regretté Reiser)
Edito du 1er avril 2020
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