Au milieu du gué
Nous sommes au milieu du gué. Certains pensent revenir sur la rive de départ, des valeurs sures, qu’ils connaissent bien. C’est ce qui a de plus sûr pour relancer l’économie et espérer un jour rembourser les dettes accumulées par les Etats et les entreprises. C’est l’économie d’hier, celle qui nous entraine dans l’impasse. Plus de production, plus d’énergie consommée, plus de déchets, etc. et moins de garanties sur l’avenir. Le principe de précaution, les études d’impact, ça retarde la reprise, on verra plus tard. C’est ce que demandent la Pologne et la république tchèque, le report du green deal européen.
Et il y a ceux qui veulent profiter d’être au milieu du gué pour aller de l’autre côté de la rivière. La commission européenne a lancé une consultation publique pour une reprise économique durable et résiliente, 60 députés français proposent une plateforme d’échanges sur le même sujet, le think tank « Finances for tomorrow » s’y est mis également avec une initiative collaborative dans le même esprit, le mouvement des entrepreneurs de la nouvelle économie (MENE) s’agite, 250 ONG du monde entier pétitionnent pour que le transport aérien soit plus durable, l’académie d’architecture mobilise ses membres à la recherche de bonnes idées pour la reprise, etc. Il se passe plein de choses. Il y a quelques mois, le Comité 21 avait publié un rapport pour une grande transormation, dont il serait possible de s'inspirer.Rien n’est donc joué, et ce ne sera pas facile pour les dirigeants politiques, économiques, sociaux et sociétaux de s’affranchir de l’ancien système, avec les dettes à rembourser et toute une culture à bousculer. Beaucoup d'entreprises sont en danger de faillite, ainsi que de travailleurs indépendants et de professions librérales, de cafés et d'hotels, de voyagistes, etc. et le changement de règles du jeu inquiète plutôt qu'il ne rassure. La loi PACTE a amorcé cette évolution, mais le chemin sera encore long. Il faudra apporter des garanties aux personnes en difficulté, et mobiliser l'énergie des autres. Casser la dictature du PIB n’est pas une chose simple. Il y a eu beaucoup de travaux académiques là-dessus, des prix Nobel, des rapports du Conseil économique, social et environnemental, et de chercheurs, mais ça n’avance pas vite dans la pratique. C’est un saut dans un nouvel univers mental, et il faut mettre beaucoup de monde d’accord. Un nouveau Brettons Wood, dans un contexte de crise où chacun tente désespérément de tirer la couverture à lui. Et Trump n’est pas Roosevelt.
Edito du 15 avril 2020
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