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A qui profite le crime ?

Il s'agit des énergies renouvelables, et plus particulièrement d'électricité. Le vent et le soleil, mais aussi les rivières et les courants marins, et la biomasse sous toutes ses formes, du bois au méthane. Hormis l'hydraulique, qui a pris son essor il y a bien longtemps et a atteint un bon niveau, elles sont toutes en progression, en progression rapide (même si on aimerait que ça aille plus vite). Aujourd'hui dans le monde, ce sont ces installations qui se développent le plus, la capacité de production construite chaque année avec les renouvelables étant plus importante que celle émanant des énergies classiques, nucléaire compris.

Et elles coûtent de moins en moins cher. Elles sont parvenues à des prix de vente de l'électricité compétitives et continuent sur leur lancée la baisse régulière de leurs coûts de production. Et pourtant, elles sont l'objet de critiques récurrentes et de "fake news" grossières. Pourquoi tant de haine, pourrait-on dire. Un des arguments souvent avancés est que les renouvelables ne seraient pas efficaces sur le plan énergétique. Il faudrait plus d'énergie pour les installer et les faire tourner que ce qu'elles produisent. C'est vrai pour les biocarburants de première génération, issus de pratiques agricoles grosses consommatrices d'énergies fossiles, mais c'est faux pour toutes les autres filières. Une éolienne "rembourse" l'énergie nécessaire pour tout son cycle de vie (de sa construction à son recyclage) en un an, alors qu'elle tourne environ 25 ans. Pour le solaire photovoltaïque, c'est trois ans de "remboursement" pour une durée de vie 10 fois plus longue. Que dire aussi de l'intermittence. Les énergies renouvelables devraient être accompagnées d'autres sources d'énergie, carbonées, celles-là, pour faire face aux besoins en l'absence de vent ou de soleil. C'est oublier les énergies pilotables, comme l'hydraulique et la biomasse, et surtout c'est une vue étroite où chaque énergie est prise séparément. Des combinaisons de sources renouvelables permettent de produire en continu, comme le montre le concept de "centrale virtuelle" qui gèrent les apports de nombreuses sources de différentes natures (1). Les arguments hostiles aux renouvelables sont nombreux, et le plus souvent mensongers. L'argument sanitaire est souvent mis en avant. Outre le bruit, différents troubles affecteraient les riverains d'éoliennes. Un effet "nocebo", l'inverse du placebo, a ainsi été identifié à propos de ces dernières. Des essais pratiqués en double aveugle, et des effets négatifs perçus alors que l'éolienne ne fonctionne pas. Le volet psychologique apparait dominant, et la crainte de la nuisance provoque les mêmes effets que la nuisance supposée (2). Cela ne veut pas dire que les énergies renouvelables sont exemptes de tout défaut, il y a des progrès à faire et les différentes filières s'y emploient. Mais ces attaques permanentes provoquent des blocages dans les procédures, des atermoiements dans les politiques, qui ne facilitent pas le développement en France des ENR et de leurs effets écologiques (décarbonisation), et économiques (innovations technologiques, unités industrielles). Tout se passe comme s'il fallait rester comme avant, avec des sources et une gestion centralisées. "C'était mieux avant" pourrait-on dire avec Michel Serre. L'ancien système énergétique français avait des qualités, mais les temps ont changé, et les territoires veulent s'affirmer. Les énergies renouvelables sont décentralisées et leurs interconnexions ne sont là que pour réguler et mutualiser. L'autoconsommation collective, réunissant les producteurs et les consommateurs d'électricité à l'échelle d'une ville ou d'un pays, longtemps empêchée par la réglementation, offre des perspectives inédites de développement local. La résistance au changement qui se manifeste semble bien exagérée, et ne contribue guère aux améliorations que les filières d'ENR doivent apporter. La meilleure énergie est bien sûr celle que l'on ne consomme pas, et les économies représentent un gisement considérable. Les ENR doivent fournir le complément, en réduisant au strict minum leurs impacts sur l'environnement.

 

1 - Voir la note "intermittent"
2 - On pourra se référer pour l'éolien au numéro hors série du Journal de l'éolien de juillet 2019, "Rumeurs sur l'éolien"

Edito du 16 septembre 2020

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