Traviller mieux pour vivre mieux
La question de l'âge du départ à la retraite revient sur le devant de la scène. Toujours une approche comptable, donc en partie fictive et très réductrice. Seule, et c'est le minimum, la pénibilité du travail est prise en considération. La nature du travail est pourtant une variable essentielle, et pas seulement sa pénibilité. Dans notre croyance au progrès social, nous avons du mal à imaginer que retarder le départ à la retraite est une bonne chose en soi. Ce serait plutôt une régression. C'est ignorer que beaucoup aspirent à se rendre encore utiles après le retraite, et pas seulement pour des raisons financières. Travailler plus longtemps, pourquoi pas, mais pour quelles tâches ? Pour certains, qui ont la chance d'avoir un métier passionnant, ce sera le prolongement de l'activité d'avant, avec quelques aménagements éventuels. Pour beaucoup, ce sera autre chose, un autre cadre pour leur permettre d'exprimer leurs talents. Des talents qui n'ont pas toujours été reconnus dans leur vie antérieure, où qui peuvent trouver de nouveaux débouchés. D'une manière générale, si nous voulons que le prolongement de la durée de vie au travail soit perçu comme un progrès, il faut que le travail en vaille la peine. Nous retrouvons la nature du travail, son objet, son organisation, les ambiances, la reconnaissance que chacun en attend. Nous sommes tous prêts à travailler plus pour trouver de nouvelles satisfactions, pour nous épanouir encore quelques années, pour nouer des amitiés supplémentaires. Si c'est juste pour survivre, pour faire face à des besoins élémentaires à l'issue d'une vie de labeur, tout retard du départ à la retraite est évidemment perçu comme un retour à des temps anciens, où la plupart terminaient leur vie sous le harnais. Une forme d'échec, une entorse au contrat implicite d'une vie meilleure fille du progrès technique. Il faut donner envie de travailler plus longtemps, du fait de l'intérêt de l'activité à assurer, et des conditions d'exercice de ces activités. La qualité de vie au travail, aspect déterminant du pilier social du développement durable, souvent évoqué dans le dictionnaire du développement durable, constitue une voie incontournable pour avancer dans le débat sur les retraites. Ce ne sera pas uniquement le degré de pénibilité, mais une approche beaucoup plus large, et qui aura également ses effets en amont, bien avant la retraite. Quand nous irons tous au travail le coeur léger, ce sera plus facile de travailler plus longtemps. Et en plus, notre productivité sera accrue ! Tout le monde y gagnera, encore un double dividende qui nous ramène au slogan : Travailler mieux pour vivre mieux.
Edito du 11 septembre 2019
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