Publicité et climat
Evidemment, le consommateur a le choix, et il peut imposer ses préférences au producteur, mais nous savons bien que ce dernier s'ingénie à orienter les choix. La publicité est là pour donner envie. Mais peut-on donner envie de n'importe quoi ? Peut-on accepter que nos écrans de télévision soient mis au service de publicités pour des produits notoirement néfastes pour le climat ? Les incitations à la haine et à la violence sont interdites, pourquoi ne pas interdire les incitations à l'irresponsabilité climatique ? Celles-ci pourraient être modérées s'il y avait une taxe carbone dissuasive, mais ce n'est pas le cas. A défaut d'outil économique, utilisons les outils réglementaires. Un exemple pour illustrer cette interrogation. Les SUV sont à la mode, c'est avec ces modèles que les constructeurs d'automobiles font leurs affaires. Mais ces voitures consomment sensiblement plus que les modèles classiques équivalents. Tous les efforts pour réduire la part de la mobilité dans nos émissions de gaz à effet de serre sont compromis par cette poussée des SUV. Doit-on assister passivement à cette mode, au risque de se rendre coupable de "non-assistance à climat endanger" ? Les voitures grosses consommatrices sont parfois utiles, dans certaines circonstances, mais le spectacle de puissantes 4x4 là où des citadines feraient parfaitement l'affaire est difficilement tolérable, surtout qu'il s'accompagne d'un encombrement inutile de nos rues. Sans interdire, pouvons-nous dissuader ou au minimum ne pas encourager ? Notons au passage que le développement de la location facile de voiture, en substitution de son acquisition, permettrait de choisir la voiture adaptée à chaque usage, et d'avoir accès à la grosse voiture uniquement quand elle serait nécessaire. Le premier choc pétrolier, dans les années 1970, avait provoqué une modification de la demande des automobilistes, au profit de petits modèles peu gourmands. Aujourd'hui, malgré quelques alertes qui font toujours beaucoup de bruit, le prix du baril reste modéré. La demande ne s'oriente plus vers des modèles économiques. L'effet de serre ne figure guère dans les critères d'achat des voitures. Le phénomène déclencheur des "gilets jaunes" montre qu'il serait hasardeux de compter sur un signal prix pour réduire la consommation. La moindre hausse provoque des levées de bouclier. Faute de pouvoir manier des instruments dissuasifs, nous pourrions au moins bloquer les incitations à des achats déraisonnables.
Edito du 23 octobre 2019
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