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Les méfaits de la règle d'or

La règle d'or a été imaginée pour protéger le long terme, les intérêts des générations futures. Est-ce une  bonne idée ? Le risque est grand, en effet, de voir repoussé à plus tard les travaux qui ne sont pas urgents. Les actions au long cours, de type culturel, de transformation des sociétés, sont vulnérables, face à l'urgence de travaux de mise en sécurité, par exemple. La formation, la recherche fondamentale, dont les résultats ne se font connaître que bien après que l'argent n'ait été dépensé, et avec une part d'incertitude, sont menacées par la recherche d'équilibres immédiats.

L'investissement, de manière générale, risque d'être emporté dans le flux des économies à faire immédiatement. D'autant que l'investissement et les dépenses courantes sont parfois difficilement séparables. Les dépenses d'enseignement, près de 7% de notre PIB, constituent à l'évidence un investissement, mais ce sont essentiellement des salaires, et relèveraient bien du fonctionnement. Toujours dans l'enseignement, la maintenance des locaux, leur entretien pour qu'ils ne perdent pas de leur efficacité, sont souvent victimes d'économies budgétaires, si bien que, au bout de 20 ou 30 ans de rien-faire ce sont des travaux d'urgence de grande ampleur qu'il faut réaliser. La canicule a montré que de nombreuses classes ne pouvaient accueillir les élèves dans une situation exceptionnelle, mais elle montre aussi que ces locaux offrent, en période courante, un défaut manifeste quant aux conditions de travail dès qu'il fait un peu chaud ou un peu froid. Un fonctionnement déficient conduit in fine à un besoin d'investissement massif. Et ça coute beaucoup plus cher. Pas 20 ou 30% plus cher, mais 3 fois plus cher que des travaux en continu. La règle d'or conduit au mauvais choix. Il y a des économies qui creusent le trou budgétaire. C'est comme la santé. La bonne santé d'une population constitue une vraie valeur et la "non santé" coute cher. Les récents rapports officiels sur le dernier plan national "Santé-Environnement" donnent un chiffre : 7,5% du PIB, du fait de la polution atmosphérique, du bruit, des pesticides, etc. Autant que les dépenses d'enseignement. Les restrictions des dépenses nécessaires pour assurer un environnement sain peuvent coûter cher. Une règle d'or à courte vue, dans l'unique but de faire des économies, ce n'est pas une bonne idée. 

 

Edito du 10 juillet 2019

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