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Les dangers de l'abondance

Mars 2017 : 1,2 milliards de barils de pétrole découverts en Alaska, octobre 2017 : 1,5 découverts au Mexique, novembre 2017 : 8,5 en Chine, avril 2018 : 80  au Bahrein, octobre 2018, encore 180 Mt au Mexique, plus les appétits que suscite l'exploitation de l'océan arctique débarrassé de sa glace, il est clair que la pénurie de pétrole n'est pas pour demain. Vous auriez peut-être cru que les acteurs économiques se désengagent progressivement, et bien c'est le contraire : de 2016 à 2017, la main d'oeuvre dans les énergies fossiles a augmenté de 8%. Et la consommation ne cesse de grimper. Ceux qui croyaient que la pénurie serait le moteur de la transformation seront bien déçus. Deux leviers peuvent être actionnés pour aller résolument vers un monde décarboné. D'une part l'attractivité des solutions, meilleure efficacité énergétique, économies d'énergie et lutte contre les gaspillages, bref consommer moins. D'autre part prendre conscience que le "facteur limitant" n'est pas la ressource, abondante et même sur abondante, mais le rejet. Ce n'est plus à l'entrée que ça se passe, mais à la sortie. Au pot d'échappement si vous préférez. Les gaz à effet de serre qui résultent de l'exploitation des énergies fossiles sont le point d'achoppement. Nos échanges se font depuis toujours sur les ressources, les fournitures, il va falloir les envisager sur les rejets, qui coûtent beaucoup plus cher que la ressource. Le coût du changement climatique n'est pas payé dans les activités courantes, mais il existe bel et bien, et ne cesse de s'accroître. Faire basculer le marché, traditionnellement consacré à la ressource, vers le rejet, n'est pas une petite affaire. C'est l'objectif des "droits à polluer" de mettre l'accent sur les émissions polluantes autant que sur les ressources. Attribuer un prix au carbone est une autre forme de cette orientation. L'ancienne économie résiste malgré tout, et le prix du carbone reste désespérément faible, trop faible pour avoir une réelle influence. Lâge de pierre ne s'est pas éteint avec la fin des pierres, et il fait en faire autant pour le carbone. N'attendons pas son extinction pour trouver une solution.

Edito du 30 mars 2019

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