Le développement durable, pour remonter le moral des Français
C'était y a 30 ans. Une rencontre interministérielle intitulée Ecologie et pouvoir proposait cette conclusion : le temps de l'alerte est fini, vient celui de l'action. Et pourtant, j"ai l'impression que nous sommes toujours dans l'alerte. Certes, depuis 1989 de nouvelles inquiétudes sont apparues. Le réchauffement climatique et la dégradation rapide de la biodiversité émergeaient, mais les préoccupations allaient plus aux pluies acides, à la couche d'ozone, à la protection de l'antarctique et à l'éléphant d'Afrique, pour ne reprendre que quelques dossiers emblématiques. Il semblait malgré tout qu'il fallait changer de registre, l'alerte étant entendue, pour laisser la place aux actions. ça va mieux, d'ailleurs, pour la couche d'ozone, et certaines espèces très menacées semblent aujourd'hui en meilleur état qu'alors.
Des satisfactions toutes relatives, car de nombreux autres aspects se sont dégradés, et nous approchons de lignes rouges au-delà desquelles les dégâts seront irréversibles. La fin de l'alerte était donc prématurée et bien optimiste. Celle-ci doit se poursuivre et nous sensibiliser en permanence aux nouveaux défis qui se manifestent. Elle ne doit pas pour autant occuper tout l'espace. L'alerte permanente a des effets décourageants et même déresponsabilisants. Elle porte le message implicite que nous ne pouvons rien faire, et que c'est aux autres, notamment aux institutions, aux Etats et aux collectivités publiques en général, de faire le nécessaire. On attend d'eux qu'ils prennent des mesures coercitives sur les acteurs de la société, entreprises et citoyens consommateurs, pour transformer l'alerte en actions. L'alerte ne donne pas envie de faire, de passer aux actes. C'est sous la pression que nous acceptons de changer, et encore. L'avenir est donc bien sombre, nous vivrons moins bien, nous devons abandonner des éléments de confort, nous devons nous donner une discipline non pas pour améliorer nore condition, mais pour éviter qu'elle se dégrade. Le moral des Français est en berne nous révèle un sondage IPSOS-Sopra-Steria pour l'institut Montaigne et la fondation Jean Jaurès. La crainte du déclin est en hausse, nous voulons être protégés. Ce n'est pas avec cet état d'esprit que l'on relève les défis et que l'on construit un avenir innovant, que l'on accepte de changer, justement pour vivre mieux. Il manque à l'alerte son complément, l'espoir d'un nouveau départ, une vision d'un avenir différent mais porteur de promesses. Cet avenir se construit malgré tout. De nombreuses initiatives attestent de cette recherche de futurs originaux qui assureront un épanouissement humain à 10 milliards de terriens. High tech et low tech, tout est bon pour explorer les temps à venir. Mettons l'accent sur ces progrès d'un nouveau type, pour donner envie du changement, envie d'y contribuer plutôt que de se le laisser imposer, sous le couvert d'une "protection".
Edito du 18 septembre 2019
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