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La voiture, toujours la voiture

Les gilets jaunes ont concentré leur vindicte sur l'Etat. Ils ont épargné les entreprises, comme l'ont souligné de nombreux observateurs. Il ont aussi exonéré un autre acteur clé du mouvement, la voiture. Nous en avons besoin, et il faut que le carburant ne soit pas prohibitif, un point c'est tout. Pendant ce temps-là, pendant que les gilets jaunes bloquaient les rond-points et manifestaient dans les grandes villes, la publicité pour les voitures ne faiblissait pas. Regardez les écrans publicitaires, l'automobile est reine. Et quand on dit que celui qui paye est maître, ça en dit long sur l'influence de l'industrie automobile, à l'heure où l'on voudrait privilégier les circulations douces et les valeurs de la proximité.

Evidemment, il y a l'emploi, et plus précisément l'emploi industriel, qu'il est bon de choyer tout particulièrement. Au cours des 30 glorieuses, le parti a été retenu de fonder le développement économique de notre pays sur l'autombile. Pire encore, c'est l'aménagement de la France qui a été conçu pour favoriser l'automobile. Rappelez-vous, il fallait adapter les villes à l'automobile, mais pas que les villes, avec la multiplication des supermarchés et l'étalement urbain. Curieux choix, pour une pays qui ne produit pas de pétrole. Nous nous placions sous la dépendance des pays producteurs. Sans doute les dirigeants de l'époque pensaient en garder le contrôle, le colonialisme était encore dans les esprits, mais le pari était risqué, il faut le reconnaître. Aujourd'hui, le déficit extérieur de la France est du même ordre de grandeur que la facture pétrolière. Nous avons organisé un flux continu de dollars vers les pays pétroliers, et sommes rentrés plein pot dans le régime aléatoire de la géopolitique. Triple peine, ça nous coûte cher, on ne maitrise pas grand chose et ça bouge tout le temps. On peut même ajouter que nous sommes ainsi amenés à faire des turpitudes, ou à fermer les yeux sur des turpitudes, pour conserver de bonnes relations avec les pays producteurs. Décidément, la voiture nous coûte cher ! C'était prévisible dans une vision traditionnelle. Est arrivée depuis "notre affaire à tous", la lutte contre le dérèglement climatique, mais il et clair que, même sans ce nouvel impératif, le choix de la voiture était hasardeux. Nous en payons aujourd'hui le prix, qui revêt une forte connotation sociale. Et la contestation n'a pas porté sur la manière de se passer de l'automobile, mais sur les moyens de prolonger cette période folle. Et pendant ce temps-là, à la télévision, la voiture fait toujours rêver...

 

Edito du 12 juin 2019

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