La démocratie représentative en question
A la veille des élections européennes, dont il nous est dit qu'elles n'intéressent guère les Français, interrogeons nous sur la démocratie représentative. C'est le manque de confiance entre les élus et les citoyens qui est au coeur du problème, et ce n'est pas récent si l'on en croit les nombreux et récurrents sondages sur le sujet. L'avenir de la démocratie représentative est dans notre capacité à en imaginer de nouvelles formes, qui permettent de retisser le lien entre élu et électeur. A défaut, le boulevard serait ouvert pour une démocratie directe, sans intermédiaire, avec tous les défauts qu'elle comporte pour aborder des questions complexes, propices aux effets rebonds et aux multiples interférences, avec de larges parts d'inconnues, le tout se prétant mal à des approches binaires, oui-non. Comment sauver la démocratie représentative ? Le grand débat n'a pas apporté de réponse, ni même, semble-t-il, identifié la question. Les réponses que l'on observe à cette question tout juste évoquée, est la réduction du nombre de parlementaires, voire le retour au cumul des mandats, au risque d'accentuer la confusion entre les affaires locales et les affaires nationales et internationales. Rien sur la manière de travailler des députés et sénateurs, rien pour rétablir la confiance qui fait si fortement défaut. Le lien entre élu et citoyen, la qualité des échanges, dans les deux sens, et la prise en compte réciproque des réactions aux décisions et aux politiques menées, autant de sujets qui sont restés lettre morte. C'est une crise de gouvernance qui s'est manifestée, et elle reste sans réponse. Le rendez-vous tous les 5 ans, et les rares compte-rendu de mandat sont bien insuffisants pour assurer un lien solide entre le peuple et ses dirigeants, et il faut mobiliser nos spécialistes de sciences politiques pour trouver la manière, pour un élu national, d'être à la fois celui d'une circonscription et de ses électeurs, sensibles aux aléas du moment, et celui d'un parti qui lui a donné l'investiture et assure une approche cohérente des problèmes. Comment concilier la prise en compte de l'immédiateté des réactions, renforcées par la pression des réseaux sociaux, et la nécessaire vue d'ensemble des évènements, dans la durée, dans leur complexité ? Tel est la question posée aujourd'hui, et il serait bon qu'elle ne soit pas escamotée.
Edito du 22 mai 2019
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