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Inégalités et transition, pour une nouvelle approche

Le Haut conseil pour le climat, créé en novembre dernier en pleine crise des gilets jaunes, vient de remettre son premier rapport. S'il fallait le résumer en une pharase, ce serait " Cette neutralité carbone en 2050 est techniquement réalisable mais implique une transformation profonde de l’économie et de la société à grande échelle", ainsi qu'il est dit en tête des recommandations. Les commentaires vont bon train, notamment sur le thème de la réduction des inégalités, incontournable pour parvenir au résultat attendu.

Pour Thomas Piketty, "la résolution du défi climatique ne pourra se faire sans un puissant mouvement de compression des inégalités sociales à tous les niveaux". De son côté, l'Agence Française de Développement (AFD), rappelle que "le désir d'imiter un comportement social jugé supérieur constitue l'un des déterminants principaux des motifs de consommation , un phénomène de mimétisme qui accélère la dynamique d'émissions intensives quand la référence est celle du dernier percentile c'est à dire des 1% les plus riches". Haro, donc, sur les inégalités, qui apparaissent presque comme un préalable à tous les progrès en matière de lutte contre le dérèglement climatique. Si c'est vrai, nous sommes mal partis. Les riches résistent, et la réduction des inégalités prendra du temps. Depuis longtemps, l'OCDE nous a prévenu que les inégalités sont un frein à la croissance économique, et on n'a guère vu d'inflexion de ce point de vue. Bien sûr, les inégalités sociales sont criantes et doivent être réduites, et pour beaucoup de raisons. Mais s'il faut attendre que ce soit fait pour espérer une amélioration pour le climat, nous sommes dans de beaux draps. Il faut trouver autre chose. Une autre stratégie doit être mise en oeuvre, en plus de l'action sur les inégalités. L'AFD nous la soufle d'ailleurs, en rappelant le mimétisme et le besoin d'imitation des plus riches. Changer de modèle, et amener les plus riches à le faire en premier. Proposer une autre forme de prestige que l'hyper-consommation, les voitures de luxe et les voyages aux antipodes. Prenons l'exemple de la vitesse. Faut-il aller toujours plus vite ? La lenteur a du bon, ce n'est pas le même que la vitesse, mais certains y prennent du plaisir. Le temps du voyage plus important que la destination elle-même. Ce n'est pas très original, beaucoup l'ont déjà dit. Moins vite, mais plus de qualité de vie, de relations sociales, de découvertes, au cours du déplacement. Redonner du sens au temps de parcours, au lieu de toujours le réduire. Autre voie, la création artistique. Il y a beaucoup d'argent dans ce domaine, un argent qui permet de se différencier, de montrer qu'on est très riche, sans pour autant prélever de ressources naturelles ni émettre de gaz à effet de serre. L'enjeu est là, si l'on veut gagner pour le climat. Imposer de nouveaux modèles culturels et de nouveaux modes de consommation, et, dans un mouvement de judo, utiliser la force des riches pour diffuser ces modèles. Et aller vite dans cette direction, en y mettant toute l'énergie disponible.

 

Edito du 17 juillet 2019

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