Grand Débat : que faire à présent ?
Tout et son contraire. Les grandes lignes des demandes que le Grand Débat a fait émerger commencent à se faire jour. Comme beaucoup s'y attendaient, de nombreux souhaits sont contradictoires, et notamment plus de services publics "en même temps" que des réductions d'impôts. La contradiction est évidente, mais elle doit nous inciter à en sortir par le haut, comme il sied au pays du développement durable. C'est à dire faire preuve d'imagination, de créativité pour trouver d'autres manières de rendre un service donné, santé, logement, mobilité, etc. Aucune chance de succès sans changement de raisonnement, sans disruption pour faire moderne. Il faut le dire clairement, la tendance naturelle serait la hausse continue des prélèvements obligatoires. Notre société vieillit, entraînant des besoins de santé et d'accompagnement des vieux en nette croissance ; notre besoin en formation, initiale et tout au long de la vie, ne peut que suivre le même chemin, dans une société de plus en plus sophistiquée ; la productivité du travail ne cesse de croître, même si la lutte pour l'emploi aurait tendance à freiner cette évolution. Les besoins sociaux ne cessent d'augmenter, et le nombre de travailleurs nécessaires diminue. La pression sur ces derniers s'alourdit inévitablement. L'orthodoxie, pour ne pas dire le conservatisme, ne permettent pas de sortir de la contradiction sans en sacrifier l'un des termes. Abandon des équilibres budgétaires, ou réduction des services publics. Deux impasses, le déficit ne pouvant se creuser indéfiniment, et la société ne pouvant tolérer que le "progrès" consiste à sacrifier l'action sociale, culturelle, etc. D'autant que le transfert au marché des services qui ne seraient plus publics pourraient coûter beaucoup plus cher. A quoi bon réduire les impôts si c'est pour payer les services plus cher, et perdre du pouvoir d'achat. Point d'issue sans créativité. Plusieurs pistes peuvent être évoquées, pour stimuler cette fameuse créativité. La décentralisation, pour rebattre les cartes, et profiter des initiatives qui fleurissent sur le terrain, loin des certitudes des "sachants" mais à proximité des usagers. Sortir du monopole pour susciter une diversité de réponses opérationnelles, qu'il sera bon ensuite de comparer et d'enrichir en mutualisant des expériences. Autre piste, favoriser les actions hors marché, et hors institutions. Circuits courts, monnaies locales, économie collaborative, toutes les formes de production de richesses "hors système", que justement les institutions ont le plus grand mal à contrôler parce qu'elles ne respectent pas leurs règles. Favoriser le développement de ces solutions pour décharger les opérateurs "officiels", publics ou privés. Sortir des cadres traditionnels, explorer des futurs originaux, la solution est là.
Edito du 10 avril 2019
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