Frein ou moteur ?
Le "green deal" de la nouvelle commision européenne présente une avancée notable qu'il faut souligner, surtout en ces temps moroses côté COP. L'environnement n'est plus considéré comme une politique particulière, une parmi les autres, avec ses finances et ses règlements propres, mais comme une dimension qui irrigue toutes les autres politiques. ça fait longtemps que l'on sait que la politique agricole, qui a pesé la moitié du budget de l'Europe pendant des années et pèse encore très lourd, a des effets considérables sur l'environnement, mais cette évidence n'était pas affichée, elle était presque cachée. Sans doute pour pouvoir prendre des libertés par rapport aux exigences de bonnes pratiques environnementales, lesquelles ne doivent pas se limiter aux zones sensibles mais concerner l'ensemble du territoire. La question de la biodiversité "ordinaire", les oiseaux des champs et les vers de terre, durement touchés par les techniques agricoles, montre que les politiques uniquement centrées sur des secteurs à enjeux est insuffisante pour préserver la base de la pyramide écologique. Même raisonnement pour les transports, l'habitat, l'énergie, etc. Toutes les politiques concernent l'environnement, et les effets peuvent être négatifs ou positifs selon les pratiques mises en oeuvre. Pendant longtemps l'attention était polarisée sur les impacts négatifs, à éviter ou à compenser, et le développement durable a conduit à revoir cette approche : il s'agit maintenant de rechercher des impacts positifs, du gagnant-gagnant. Changement de point de vue parfois difficle, tant nous étions habitués à l'idée que les activités humaines étaient a priori néfastes pour la nature, mais réponse incontournable à la montée des besoins de l'humanité. Ce qui est vrai de l'agriculture, du fait de sa relation primaire avec la "terre nourricière" l'est des autres activités : les villes peuvent être des réservoirs de biodiversité, les axes de transport des "corridors écologiques", comment la biomasse peut-elle contribuer à répondre à nos besoins énergétiques, comment le tourisme peut aider à la préservation du patrimoine au lieu de le vampiriser, voilà quelques illustrations de la manière dont l'environnement s'incruste dans toutes les autres politiques techniques. Dans la foulée, comment les options financières de l'Union Européenne soutiennent cette vision transversale, bien sûr, itou pour sa politique d'échanges commerciaux, etc. Voilà donc l'environnement positionné à sa juste place, au moins dans le discours, un positionnement qui permet de construire un développement vraiment durable. Il reste à en convaincre l'ensemble des acteurs, dont beaucoup croient encore que l'environnement est un frein au développement, alors qu'il doit en devenir un moteur.
Edito du 18 décembre 2019
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