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Des inerties qui nous coûtent cher

Pour aller vers le développement durable, nous savons ce que nous devrions faire (1), mais nous y allons souvent à reculons, avec regret. Les anciennes pratiques sont encore dominantes. Les subventions aux énergies fossiles restent, à l'échelle mondiale comme à l'échelle française, encore bien supérieures à celles aux énergies renouvelables. Le soutien à l'agriculture traditionnelle, confrontée notamment aux aleas climatiques, bénéficie de bien plus de crédits que l'aide à la transformation de l'agriculture. La peur de troubles et de casse sociale expliquent en partie ce constat, et les acteurs économiques sont souvent accrochés à leur modèle traditionnel, auquel ils doivent leur position et leur puissance. Il en résulte une inertie considérable, des retards dans les décisions à prendre pour assurer un avenir à nos entreprises. Le développement durable apparait alors comme une charge, alors qu'il représente de nombreuses opportunités pour ceux qui sauront s'adapter à la constatation maintenant ancienne, la finitude du monde, les limites de la planète. L'exemple de l'industrie automobile a été remis dans l'actualité cet été, avec l'annonce d'une crise de ce secteur à l'échelle mondiale. L'alerte n'est pas nouvelle, et elle se précise. Au même moment, est publiée une analyse coûts-bénéfice de plusieurs modes de mobilité dans l'Union européenne (2). Les résultats sont éloquents : Chaque kilomètre parcouru en voiture repésente un coût social (3), supporté par la collectivité, de 11 centimes d'euros, alors que la marche à pied et le vélo produisent respectivement un bénéfice de 37 et 18 centimes. Ce sont les effets sur la santé qui constituent l'essentiel du gain observé pour les modes "actifs". Au total, le transport automobile coute chaque année en Europe 500 milliards d’euros, la marche à pied et le vélo rapportent 66 et 24 milliards d’€. Qu'un secteur qui coûte cher à la collectivité soit en crise, rien d'étonnant, c'est même le signe d'une bonne réactivité de l'économie. Que le secteur en question fasse tout pour perdurer et prolonger son activité, grâce à une publicité omniprésente sur les grands médias, rien d'étonnant non plus. Mais nous ne voyons pas, animés par les pouvoirs poublics, une politique pour assurer la nécessaire transition : Côté production, quels efforts pour reconvertir les industries concernées, qui recèlent pourtant en leur sein de nombreux savoir-faire. Côté utilisateurs, les politiques pour permettre aux "otages" de l'automobile, ceux qui ne peuvent faire autrement, de se libérer de cette contrainte, semblent bien timorées, malgré la loi "mobilité" et les initiatives des collectivités territoriales. L'inertie face à ce phénomène inéluctable produit des retards qui couteront beaucoup plus cher que la prise en charge volontariste du changement.


1 -Voir sur ce point l'édito du 19 décembre 2018, Mission possible
2 - The Social Cost of Automobility, Cycling and Walking in the European Union, Stefan Gössling, Andy Choid, Kaely Dekkere, Daniel Metzlerf
3
- Voir l'édito du 28 novembre 2018
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