L'Europe et la mémoire des peuples

Les peuples ont une histoire, ils ont aussi une mémoire, bien vivace, au-delà des individus qui les composent. La plupart d'entre eux sont nés bien après les évènements dont ils gardent une mémoire prompte à de révéler, comme en témoignent notamment les conflits dans les Balkans. L'esclavage a aussi marqué durablement les esprits, comme les colonisations. Les relations de la France avec l'Algérie sont profondément influencées par l'histoire, la colonisation elle-même et la guerre d'indépendance. Plus de 50 ans après, la moindre prise de position sur ces évènements provoque de nombreuses réactions. L'affaire est sensible.

L'Europe est évidemment concernée par la mémoire des peuples, avec des hostilités proverbiales comme entre Serbes et Croates, et les effets des guerres et des traités qui les ont conclues. Les peuples ont souvent été malmenés, découpés, parfois privés de patrie, souvent mis sous tutelle. L'Union européenne doit prendre en compte la mémoire des peuples, où se retrouvent des angoisses et des souffrances. Elle doit permettre d'aller au-delà, et de proposer de nouveaux idéaux, de nouveaux mythes, qui mobilisent les opinions sur l'avenir. A défaut, c'est le passé qui revient au galop, avec tous les ressentiments et toutes les frustations enfouis dans la mémoire collective. Ne pas oublier le passé, ni le gommer ou le nier, mais aller au-delà, pour relever les défis du monde actuel. Ils sont nombreux. Vivre plus nombreux à la surface de la planète, mieux et en consommant moins de ressources, et le tout en bonne intelligence, voilà un défi propre à relancer une dynamique et ouvrir des perspectives. Une nouvelle grille de lecture pour revisiter le passé. La campagne des élections européennes est, dit-on, déjà lancée. C'est le moment de faire des propositions. Pour ma part, je propose que l'histoire d'Europe, une histoire commune de l'antiquité à nos jours, soit enseignée dans les mêmes termes à tous les jeunes européens. Une manière d'enrichir la mémoire des peuples, et lui donner de nouveaux repères, et en faire un atout pour relever les défis d'aujourd'hui.

 

Edito 19 septembre 2018